Publié le Jeudi 16 juin 2011 à 14h22.

Le PCF et Mélenchon

Réunie les 4 et 5 juin, la conférence nationale (CN) du PCF a voté une résolution proposant Jean-Luc Mélenchon comme candidat du Front de gauche (FdG) à la présidentielle. Mais le débat comme le vote (63 % pour, 36 % contre) et le nombre très élevé d’absents dans les assemblées de section révèlent un profond malaise dans le parti. À la veille de la CN, 21 secrétaires fédéraux avaient demandé que le référendum interne qui doit avoir lieu du 16 au 18 juin pour ratifier ce choix comporte tous les noms des postulants et pas seulement celui proposé par la direction. Près de 80 % des délégués ont adopté cette procédure. Les militants auront donc à choisir entre le candidat de la direction Jean-Luc Mélenchon, le candidat PCF des partisans du FdG André Chassaigne et Emmanuel Dang Tran qui représente l’aile la plus orthodoxe du parti, aussi opposé au PS et au FdG qu’au NPA. Le député André Gerin a retiré sa candidature et a appelé à voter Chassaigne.

Aujourd’hui sans autre alternative que d’être l’aiguillon d’une majorité gouvernementale de gauche avec le PS, la direction du PCF n’avait pas d’autre choix que de se rallier à Mélenchon pour éviter une déroute électorale à la présidentielle mais surtout aux législatives qui vont suivre et qui sont une source financière décisive pour ce parti. D’ailleurs, l’accord avec le PG est couplé d’un accord de répartition législatif : 80 % de candidats pour le PCF et 20 % pour le PG et la GU. La transaction est déjà réglée dans 479 circonscriptions sur 539. Enfin, il a été aussi décidé que le collectif national de campagne sera présidé par quelqu’un d’une autre organisation que celle du candidat...

Le contenu de l’accord était prévisible mais le maintien de Chassaigne ne l’était pas. Critiquée de toutes parts, la direction du PCF doit donner l’image d’un parti démocratique capable aussi d’imposer ses volontés à des partenaires d’accord pour « jouer le jeu ».En effet, l’opposition à la candidature de Mélenchon vient aussi bien des « droitiers » qui, comme Robert Hue, souhaitent un candidat unique de la gauche dès le premier tour, des orthodoxes comme André Gerin ou de la fédération du Pas-de-Calais qui ne veulent pas du FdG, ou des anciens partisans de Georges Marchais comme Nicolas Marchand, Paul Boccara, Yves Dimicoli ou Catherine Mills qui viennent de lancer un appel à voter Chassaigne.

On peut prévoir que beaucoup de militants n’iront pas voter à la fois pour montrer qu’ils ne peuvent politiquement et culturellement se retrouver dans l’ancien ministre socialiste mais qu’en même temps ils reconnaissent n’avoir aucune alternative crédible au FdG et à son meilleur porte-parole.

La disparition de Strauss-Kahn affaiblit un peu Mélenchon qui en avait fait son bouc émissaire au profit de Martine Aubry avec qui il admettait des convergences. Entre le PCF et le PG  persistent des divergences sur le nucléaire ou l’intervention en Libye mais il y a un accord général pour être l’aile radicale au sein d’une majorité de gauche avec le PS, que ce soit dans le gouvernement ou simplement au Parlement. C’est là une des divergences de fond avec le NPA mais cela ne doit pas empêcher l’unité d’action avec le FdG chaque fois que cela est possible et de poursuivre le débat avec ses militants dont beaucoup s’interrogent.

Alain Krivine