Publié le Mercredi 4 janvier 2012 à 22h33.

Le tournant de la récession

La récession est devenue l’un des axes majeurs de la campagne électorale. Au lieu de nous y résigner, comme le préconisent la droite et le PS, nous devons au contraire la combattre.La France est en récession. Pour l’Insee, le PIB devrait reculer de 0,2 % au dernier trimestre 2011, de 0,1 % au premier trimestre 2012 et peut-être augmenter de 0,1 % au deuxième trimestre. La production industrielle à l’été 2012 resterait inférieure à son niveau de 2008 et l’investissement continuerait à reculer au moins jusqu’à cette date. Le chômage (selon les calculs officiels qui ne prennent en compte qu’une partie de la réalité !), aujourd’hui déjà à 9,3 %, dépasserait 10 % en 2012.

Le recul est moins sévère que fin 2008 et début 2009 (-1,5 %), mais après deux années où la croissance avait quand même un peu repris, grâce à l’intervention dopante de l’État, il marque bien la profondeur de cette crise du capitalisme. Depuis 2008, il y a un million de chômeurs de plus en France. Or, alors que le nombre de chômeurs et de précaires s’était stabilisé à ce haut niveau, il s’annonce désormais de nouvelles vagues de licenciements, de fermetures d’usines, qui vont durablement dévaster des villes et des régons entières.Ce basculement dans la récession est un tournant dans la situation économique, mais aussi politique. Sarkozy prétendait qu’il n’y avait pas d’autre politique possible que l’austérité pour éviter une crise sociale majeure, pour éviter de « finir comme les Grecs ». Échec complet. Cette crise est bien là, maintenant ! L’austérité se révèle bien une impasse. Et le masque de Sarkozy-qui-lutte-contre-la-crise peut désormais tomber : alors qu’il ne fait rien pour défendre les emplois et les salaires, il cherche à utiliser cette crise pour imposer de nouveaux reculs sociaux.

Cette crise, la droite et le PS nous demandent de nous y résigner. Le NPA propose au contraire aux classes populaires de refuser de la payer. Contre le fatalisme, contre la fuite en avant libérale, il propose des solutions, qui constituent à la fois un plan d’urgence social et un plan de rupture avec le capitalisme.C’est l’originalité de notre programme, où le réalisme et la radicalité vont justement de pair !

Car le bouclier social que nous défendons implique une rupture avec la logique du profit privé. On ne peut pas se contenter de parler, illusoirement, d’une sortie de crise par un « plan de relance », comme le font parfois des directions syndicales et le Front de Gauche. L’interdiction des licenciements ne peut déboucher sur une amélioration des conditions de vie de la population que si on l’accompagne d’un partage du temps de travail entre toutes et tous, ce qui implique de commencer à prendre le contrôle sur la marche des entreprises et l’économie. Pour en finir avec la spéculation financière, il faut bien sûr arrêter de payer et même annuler la dette publique, mais au-delà nous devons exproprier les banques, les placer sous le contrôle de la population.

Ce tournant de la récession sera peut-être aussi, il faut l’espérer, un tournant dans la mobilisation sociale. Ce n’est pas un vœu pieux. Mais une nécessité. En 2009, des millions de personnes avaient répondu à l’appel à manifester de l’intersyndicale, qui n’a pas proposé de suites. Aujourd’hui des travailleurs se battent pour leur emploi, ceux de PSA, de SeaFrance, de Pétroplus... Pour aider ces luttes et favoriser leur convergence, il est important de battre en brèche le discours dominant sur la fatalité de la crise, d’apporter des mesures immédiates et des perspectives pour en finir avec la dictature de la finance. Voilà qui rend d’autant plus nécessaire la montée en puissance de notre campagne !

Yann Cézard