Dans les 27 pays de l'Union européenne, dont évidemment la France, le chômage augmente. D’après les statistiques publiées par la commission européenne elle-même, il y avait fin janvier 26,2 millions de personnes sans emploi, soit 10,8 % de la population active. En Grèce, ce chiffre atteint 27 %, 26,2 % en Espagne et 17,6 % au Portugal. Les jeunes sont les premières victimes. 5,7 millions de moins de 25 ans sont sans travail, soit plus de 23 %. Mais ils sont près de 60 % en Grèce, plus de 55 % en Espagne, plus de 38 % en Italie et au Portugal. Cette situation dramatique n'est en rien la conséquence d'une crise face à laquelle nous ne pourrions rien, sinon nous résigner. Elle est le produit direct de la politique des États entièrement soumis à la stratégie financière des sociétés transnationales. La saignée comme politiqueCette régression sociale est bien le fruit des politiques d'austérité qui se sont appliquées et continuent à s'appliquer partout en Europe. Ces dernières devraient permettre de lutter pour l'emploi. « La compétitivité, c'est l'emploi » prétend toujours de façon péremptoire Ayrault ! C'est un mensonge : cette politique sécrète le chômage, la précarité et une dégradation des conditions d'existence. Loin d'être une réponse à la crise, elle l'entretient et l'aggrave comme elle entretient et aggrave la dette qu’elle est prétendument censée diminuer. La Banque centrale européenne (BCE) vient d'annoncer des prévisions à la baisse pour le produit intérieur brut (PIB) en 2013 et 2014 et une croissance en berne. Par contre, les profits continuent de bien se porter au prix d'un terrible recul social. Loin d'annoncer la moindre mesure visant à inverser les choses, la BCE prône le laisser-faire pour les patrons et les financiers. Ce laisser-faire, c'est aussi la hausse des prix qui vient amputer les salaires pour transférer toujours plus de richesses entre les mains des capitalistes de l'industrie et du commerce. « Enrichissez-vous », leur dit la BCE… L'austérité sans finPatrons, dirigeants des banques ou ministres ont tous conscience des conséquences de leur politique pour la population. Qu'importe, leur seule boussole reste la rentabilité financière. Ils conduisent la société droit dans le mur sans s'en inquiéter, en continuant à laisser croire à « une reprise progressive », selon les propos du président de la BCE, Mario Draghi. Tout va très bien Madame la marquise ! « N'inquiétez pas les Français ! », lance Hollande à ses ministres, alors que le gouvernement vient de décider 5 milliards d'euros d'économies supplémentaires qui s'ajoutent à celles déjà prévues pour le budget 2014, qu'il relance aussi l'offensive contre les retraites, avec pour objectif une nouvelle augmentation de la durée de cotisation, sans oublier une hausse des impôts sur le revenu pour financer en particulier les 20 milliards d'euros donnés aux patrons. Eux ou nous !L'appétit de la finance ne connaît d'autres limites que les résistances, les mobilisations des travailleurs et des peuples. Ces dernières semaines ont vu ce mouvement se développer par la grève et les manifestations dans l’État espagnol, au Portugal, en Grèce, aussi dans les récentes élections en Italie qui ont été marquée par un désaveu profond des partis institutionnels. Les journées de grève générale, véritables lames de fond populaire, se sont multipliées dans l'ensemble de ces pays, car partout, les discours hypocrites des gouvernements sont déconsidérés par la brutalité de leur politique et les ravages de l'austérité. Et ici aussi, le mécontentement croît et cherche les moyens de s'exprimer avec plus de force. Oui, il y a urgence à mettre un coup d'arrêt à cette folie. Il y a urgence à construire une opposition de gauche à ce gouvernement pour imposer une autre politique qui refuse de payer les intérêts de la dette et mette en œuvre un audit public de celle-ci pour imposer son annulation ; une politique qui empêche les responsables de la crise de nuire en les expropriant, pour créer un service public bancaire qui serve la marche de l'économie et des services publics, plutôt que les spéculations. Une telle politique au service de la collectivité ne pourra venir de ce gouvernement, qui montre tous les jours qu'il ne défend en rien nos intérêts, mais bien de nos mobilisations, d'un gouvernement au service de la collectivité sous le contrôle de la population. Yvan Lemaitre