CertainEs se souviennent sûrement de l’incarcération du militant Roland Veuillet à Nîmes en décembre dernier. Militant du NPA et des Gilets jaunes dans le Gard, Roland (CPE à la retraite, 64 ans) est un militant politique de toujours (longtemps à la LCR puis au NPA ). Depuis le 30 mai, il est de nouveau incarcéré.
En 2003, Roland avait fait l’objet d’une sanction disciplinaire de la part de l’Éducation nationale pour activisme durant le mouvement social sur les retraites (et aussi contre la suppression du statut des MI-SE à l’époque). Il avait alors été muté d’office à Lyon où il resté 10 ans : durant cette période il a multiplié les grèves de la faim, les marathons ici et là (plus de 40 000 km couverts en courant !), nagé dans le Rhône, campé dans sa voiture devant le ministère à Paris rue de Grenelle, etc. Au bout de dix ans il avait finalement obtenu son retour dans le Gard sans demander de mutation, le ministère ayant accepté d’annuler sa sanction.
De retour dans le Gard, il n’a pas pour autant déposé les armes, en même temps qu’il a rempli ses fonctions de CPE dans un collège proche de Nîmes. Durant la loi travail il a même affronté Macron à Lunel en joute oratoire dans la rue, alors que ce dernier n’était même pas candidat : une vidéo, dite « du costard » a alors longtemps fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Naturellement avec les Gilets jaunes et avec les autres militantEs du NPA, Roland s’est lancé à corps perdu dans la bagarre : ensemble nous avons multiplié les manifs, actions diverses et variées, ronds-points ici et là, réunions, AG et bien d’autres ! Nous avons aussi affronté la violence des flics, les gaz, les tirs de LBD ( Roland a été touché à une jambe lors d’une manif à Nîmes). Il a également déposé de nombreuses plaintes pénales contres des flics, le procureur de la République, le parquet, etc.
Figure (réprimée) des Gilets jaunes
Rapidement Roland est devenu une figure emblématique du mouvement des GJ dans la région. La police et la justice l’ont bien compris : Roland a été victime de plusieurs arrestations, des GAV, de nombreuses amendes, le saccage de la porte ( et d’une bonne partie de la cloison) de son domicile lors d’une perquisition de la BAC ! Bref pour les autorités locales Roland est devenu le bouc émissaire, l’ennemi public à abattre ! Incarcéré une première fois en décembre 2019 pour 15 jours à la prison de Nîmes, il a alors engagé une grève de la faim et de la soif. La pression médiatique a alors été à son maximum et le Comité pour sa libération a fait un travail fantastique qui a finit par porter ses fruits : Roland a été libéré fin décembre et son procès fixé début janvier 2020. Mais la bagarre sur les retraites et la grève du barreau en ont décidé autrement, son procès a été reporté plusieurs fois et la mauvaise volonté du parquet aidant, il y a plus d’un mois la date de son procès a été fixée en… novembre !
Depuis sa libération de prison, Roland était sous le coup d’un contrôle judiciaire très strict : pointages fréquents à la gendarmerie, interdiction de sortir du département et surtout interdiction de manifester ou de participer à un rassemblement.
Dans un premier temps, Roland n’a eu d’autre choix que de respecter ces consignes scandaleuses, puis est survenu le confinement. Mais trop c’est trop et, dès la fin du confinement, les Gilets jaunes, conjointement avec le collectif inter-luttes, ont décidé de reprendre les manifs et rassemblements. Un noyau de résistantEs a occupé un rond-point de la périphérie de Nîmes les samedis et, c’est lors du troisième samedi (le 30 mai), alors que les militantEs étaient peu nombreux, que les gendarmes ont arrêté Roland. Le lendemain (dimanche !), la justice a décidé son incarcération jusqu’à la tenue de son procès (novembre) pour non-respect de son contrôle judiciaire.
En prison à Nîmes
Depuis, il est à nouveau à la prison de Nîmes. La brutalité du pouvoir à son encontre le pousse logiquement vers une forme de radicalisation : volonté d’assurer sa défense lui-même, distance avec une partie de ses soutiens habituels, etc. On peut comprendre Roland. Comment réagirions-nous nous-mêmes si nous étions confrontés à une telle violence institutionnelle ?
Roland est un militant aguerri porté à une forme de combat solitaire avec les risques répressifs que cela comporte. Au NPA nous privilégions la démarche collective, fruit d’une réflexion partagée par les camarades. Le pouvoir d’ailleurs l’a bien compris en s’acharnant sur un individu et en utilisant son attitude comme repoussoir médiatique.
Il est scandaleux que cette « démocrature » s’arroge le droit d’empêcher un militant comme Roland de manifester pendant de longs mois et de jouir normalement de ses droits civiques ! Le combat de Roland est notre combat à touTEs contre ce pouvoir de classe injuste et violent. Nous n’avons pas l’intention de céder et on verra bien ce qu’il en sera.
Une première victoire vient de tomber : le parquet a décidé que son procès serait avancé au 2 juillet. C’est une première étape, il y en aura d’autres. En attendant le comité de soutien organise des rassemblements devant la prison de Nîmes chaque mercredi et vendredi en fin de journée.
Le NPA 30 et le NPA national apportent leur soutien inconditionnel au combat de Roland Veuillet. Nous exigeons sa libération immédiate ! La violence des riches qui a largement profité de la crise sanitaire s’exerce tous azimuts : le musellement et l’emprisonnement des militantEs en fait partie.