Publié le Mercredi 15 janvier 2020 à 12h29.

L’indécence des puissants

Dans le monde capitaliste, les puissants, qu’ils soient patrons ou dirigeants politiques à leur service, n’hésitent pas à distribuer bons et mauvais points aux dominéEs et à leur enjoindre de se conformer aux normes qu’ils définissent.

Des gens dont les revenus dépassent les 10 000 euros par mois n’hésitent pas à qualifier de privilégiés ceux qui gagnent 5 à 7 fois moins. Et quand ces « moins que rien » se révoltent, ils sont sommés de le faire dans les règles : prévenir à l’avance, pas de « débordements », pas de « violences ». Et, surtout arrêter de protester quand cela dépasse quelques heures.

Dans le mouvement contre la réforme des retraites, ces injonctions se sont multipliées. La protestation a d’abord été taxée d’inutile, voire de nuisible : pourquoi manifester et faire grève contre une réforme « juste » si ce n’est pour défendre des intérêts « catégoriels », ceux des bénéficiaires des régimes spéciaux ?

Ensuite, comme la grève se poursuivait et bénéficiait de larges soutiens, ça a été le chantage aux fêtes de fin d’année. Tout le monde aspire à des congés dans cette période mais, là, la bronca a été orchestrée par des gens qui ne sont jamais contraints à travailler ou d’astreinte les jours de fête contre des travailleurEs qui, précisément, conduisent trains et métros et réparent les lignes EDF.

Maintenant est venue une autre étape : il y a eu « un bon compromis » et pour le reste « nous irons jusqu’au bout de la réforme » donc la grève est « inutile ». « Il faut savoir terminer une grève » a déclaré Édouard Philippe le 12 janvier. Ceux qui n’ont jamais fait une grève de leur vie donnent des leçons de stratégie de lutte ! Et, dans la même déclaration, le Premier ministre précisait : « Il faut parfois utiliser la force pour ramener l’ordre ».

L’indécence des puissants est sans limite. Il s’agit de mettre en échec toutes les révoltes et d’enfermer les exploités dans le sentiment qu’il est impossible de changer les choses. Seules des luttes massives et ne respectant pas les « règles du jeu » pourront leur faire rendre gorge.

Henri Wilno