Publié le Jeudi 16 mai 2019 à 10h58.

L’opposition à Macron : nos mobilisations

 

La campagne des élections européennes est donc lancée... de la pire des façons. Macron et les siens nous expliquent qu’ils veulent faire de cette élection un référendum anti-Le Pen, en mettant en scène l’affrontement supposé entre « progressisme » et « nationalisme », comme si la seule alternative se posait entre LREM et Rassemblement national. Ce faisant, la Macronie joue un jeu particulièrement dangereux et rend le plus grand des services à l’extrême droite, qui se réjouit d’ailleurs du cadeau qui lui est offert : passer pour la seule force d’opposition réellement crédible face à Macron.

Plutôt que d’un référendum anti-Le Pen, nous voudrions au contraire que les élections européennes soient l’occasion d’un référendum anti-Macron, contre son projet antisocial et liberticide, contre leur Europe des banques et des barbelés.

Contre Macron, le RN ne sera jamais une solution

La politique du gouvernement est en effet une catastrophe généralisée : maintien d’un haut niveau de chômage, offensive contre les services publics (notamment la SNCF, l’éducation, la santé…), fiscalité injuste, avec entre autres la suppression de l’impôt sur la fortune et les cadeaux aux grandes entreprises, attaques contre les retraites, réduction des cotisations sociales... Un chiffre parmi bien d’autres en dit long sur la situation : une personne sur cinq est frappée par la pauvreté, plaçant ainsi la France, 7e puissance économique mondiale, au même rang que la Slovaquie et la Slovénie…

Marine Le Pen et le Rassemblement national veulent profiter de ce très fort rejet de la politique de Macron. Ils se prétendent anti­libéraux et veulent apparaître comme un soutien aux classes populaires. Mais le programme du RN est en réalité opposé aux besoins de la population : il ne s’oppose pas du tout à la concurrence économique, aux privatisations... mais par contre combat les syndicats, la démocratie, l’égalité entre FrançaisEs et étrangerEs, entre hommes et femmes... Après avoir prétendu soutenir, pendant quelques semaines, le mouvement des Gilets jaunes, il y est aujourd’hui opposé, en tant que parti de l’ordre, car la mobilisation conteste le système politique et économique, l’ordre social, et les violences policières. Malgré sa pseudo-modernisation et son discours faussement social, le RN reste le pire ennemi du monde du travail, des droits démocratiques.

Un vote anticapitaliste et internationaliste

Lors de ces élections européennes, le NPA appelle à voter pour la liste présentée par Lutte ouvrière, parce que nous estimons que cette organisation propose un programme anticapitaliste et internationaliste et défend les intérêts des classes populaires. Une singularité à gauche, puisque l’ensemble des autres organisations, même si nous nous retrouvons avec certaines d’entre elles dans les luttes contre les politiques de Macron, refusent de s’inscrire dans une logique résolument anticapitaliste et d’affirmer un point de vue internationaliste, avec notamment la défense de la liberté totale de circulation et d’installation et l’opposition aux expéditions militaires et aux politiques impérialistes françaises et/ou européennes.

Cela n’élimine pas les nombreux désaccords que nous pouvons avoir avec Lutte ouvrière. En particulier, nous portons une critique bien plus forte de l’Union européenne, de ses institutions et de ses traités. Nous considérons en outre que les revendications écosocialistes, démocratiques, antiracistes, féministes et contre toutes les formes de discriminations, ne peuvent se dissoudre dans une campagne exclusivement articulée autour de la défense des travailleurEs contre le « grand capital ». Mais nous estimons que, dans une situation de confusion politique de laquelle l’extrême droite et le pouvoir envisagent, chacun à leur manière, de tirer les marrons du feu, il est important de faire entendre, autant que possible, une voix de rupture avec le capitalisme, pour une Europe des travailleurEs et des peuples, de la solidarité, contre celle du capital et de la mise en concurrence généralisée.

C’est dans la rue que ça se passe !

Au vu de l’urgence sociale et démocratique et de l’impossibilité de changer les institutions européennes de l’intérieur, nous demeurons cependant convaincus que ce sont bien l’expression de la colère sociale et la contestation, dans la rue, de ce pouvoir, qui restent la meilleure façon d’obtenir ce que nous voulons. Après avoir mis un rude coup à la SNCF et aux universités l’an dernier, le gouvernement poursuit en effet son offensive contre les services publics, malgré la forte déstabilisation et le changement de climat qu’a engendré le mouvement des Gilets jaunes. Il s’attaque ainsi à l’éducation avec la loi Blanquer, qui vise à décupler la sélection sociale de la maternelle au lycée, mais aussi au système hospitalier dans son ensemble, suscitant des résistances salutaires, comme dans les services d’urgences de l’AP-HP.

Le pouvoir veut également avancer sur l’augmentation de la durée des cotisations pour la retraite, la privatisation des aéroports, la suppression de 120 000 postes dans la fonction publique, l’augmentation des frais d’inscription dans les universités, en commençant par ceux des étrangerEs. Avec la stratégie éculée d’attaquer chaque secteur l’un après l’autre, Macron et le gouvernement espèrent que les colères ne vont pas converger. Faisons-le mentir ! Il est temps de mettre un coup d’arrêt à cette casse sociale et de dégager Macron et un pouvoir au service des riches et des multinationales.