Avec l’annonce, le 28 janvier, du départ de la députée des Français d’Amérique latine Paula Forteza, ce sont désormais près d’une vingtaine de parlementaires qui ont quitté le mouvement et/ou le groupe parlementaire LREM. Une hémorragie qui, si elle nous renseigne sur l’extrême volatilité des députéEs de la majorité, sélectionnés, on s’en souvient, sur CV, témoigne surtout de la fragilisation continue de la Macronie, et des dissensions en son sein, qui s’exprime également avec les « dissidences » pour les municipales de mars prochain.
Décidément, le « nouveau monde » promis par Macron et ses sbires a du plomb dans l’aile. Ces derniers temps, c’est notamment le fonctionnement autoritaire et clientéliste de la Macronie qui a été mis en cause par des éluEs LREM : « Verticalité du pouvoir doublée d’une forme de clanisme du président » (Frédérique Dumas, députée des Hauts-de-Seine) ; « Autoritarisme de petits chefs non élus et accouche de décisions politiques hors sol, confisquées aux territoires et aux acteurs locaux » (Valérie Petit, députée du Nord) ; « Résurgence de la vieille politique opaque et calculatrice au niveau local » (Pascale Fontenel-Personne, députée de la Sarthe) ; un mouvement « verrouillé, qui récompense les amitiés plus que les compétences [et suit] une dynamique d’exclusion, de rétrécissement, plus que de rassemblement » (Paula Forteza).
50 villes, 17 dissidences
Ces départs, qui s’ajoutent à d’autres qui ont été causés par des questions d’orientation politique (écologie, loi asile-immigration, etc.), font écho aux tensions qui s’expriment à l’occasion des élections municipales, entre autres à Paris. L’épisode de la convocation de Cédric Villani par Emmanuel Macron est à ce titre exemplaire : le député-mathématicien, sommé de rejoindre la liste de Benjamin Griveaux, s’est livré à une véritable séance d’humiliation du président de la République en expliquant, dès sa sortie, qu’il maintenait sa candidature.
Le cas Villani n’est pas isolé : dans les 50 premières villes de France, LREM est confrontée à au moins 17 cas de dissidence, soit dans plus d’un tiers des municipalités. Paris donc, mais aussi Lyon, Toulouse, Marseille, Nice, Montpellier, Besançon, Mulhouse : autant de villes dans lesquelles les candidats officiellement investis par LREM, et donc avec la bénédiction de Macron, doivent faire face à des listes dissidentes, issues de la majorité présidentielle. Et l’on n’oubliera pas Biarritz, où ce sont deux ministres, Didier Guillaume (en tête de liste) et Jean-Baptiste Lemoyne (en soutien du maire sortant), qui vont figurer sur deux listes concurrentes.
Un encouragement à poursuivre nos combats
Si ces phénomènes en disent long sur les ambitions dévorantes et l’absence totale de morale et de principe chez nombre de ceux qui se sont investis, en 2017, en soutien à Emmanuel Macron, ils doivent aussi être compris comme l’expression de l’érosion continue de la légitimité du pouvoir, y compris au sein de LREM, et de l’incapacité de Macron et de ses proches à se poser en arbitres reconnus des conflits internes : un signe supplémentaire de faiblesse.
Les Gilets jaunes et la mobilisation contre la réforme des retraites y sont pour beaucoup : en s’opposant avec détermination aux politiques antisociales de Macron et Philippe et en gagnant les batailles idéologiques face à un pouvoir qui multiplie mensonges et provocation, ces mouvements contribuent largement à fragiliser le pouvoir et à l’empêcher d’homogénéiser sa base, et même ses cadres intermédiaires. Un encouragement à poursuivre nos combats, en premier lieu contre la « réforme » des retraites, et à continuer d’aller pourrir les « vœux » et autres apparitions publiques des petits soldats de la Macronie qui, sous leurs airs arrogants, n’arrivent pas à reprendre la main et, petit à petit, perdent pied.