Publié le Lundi 22 décembre 2014 à 07h22.

Lutte ouvrière : un congrès et des questions sans réponse

Lutte ouvrière a tenu son congrès annuel les 6 et 7 décembre dernier...

«Le bilan militant de l’année écoulée est positif, en particulier du fait de la participation de Lutte ouvrière aux élections municipales, présente avec 204 listes sous l’étiquette "Lutte ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs". C’est donc dans un plus grand nombre de villes que nous pouvons aujourd’hui développer notre activité » se félicite LO dans son hebdomadaire du 12 décembre.« Il est nécessaire de reconstruire un parti ouvrier qui mette en avant les intérêts des travailleurs, des chômeurs, des retraités modestes » développent nos camarades. « Un parti qui combatte la politique anti­ouvrière du gouvernement […] un parti qui conteste l’ordre capitaliste […] une nécessité pour les travailleurs du monde entier » afin de « dénoncer la propagande et la domination bourgeoises [...] pour le pouvoir des travailleurs. » Nous souscrivons aux objectifs que se fixe LO : « L’existence d’un parti représentant les intérêts du monde ouvrier est indispensable. [...] Il faut que le monde ouvrier retrouve ses valeurs et ses raisons de combattre, qu’il retrouve la conscience de sa force et les perspectives qui sont fondamentalement les siennes : celles de prendre en main le pouvoir et la direction de la société. »LO se vante que les différents textes de son congrès aient été « adoptés à l’unanimité, témoignant ainsi d’une cohésion politique dont nous nous félicitons »... Cependant bien des points mériteraient discussion, des points importants comme la situation internationale, les rapports entre la Russie et les puissances impérialistes. La Russie n’en est-elle pas une et, plus globalement, qu’est-ce que l’impérialisme aujourd’hui ? 

Ne pas être des commentateurs...Des discussions aussi sur la politique de LO en France. Nos camarades écrivent : « Contrairement à des organisations comme le PC, le Front de gauche ou, à une échelle plus modeste le NPA, nous ne plaçons aucun espoir dans ces tentatives de recomposition [à gauche NDLR] qui, malgré les phrases grandiloquentes, se déroulent devant le désintérêt, voire le dégoût croissant de la classe ouvrière. » Une étrange compréhension de notre politique, car nous n’attendons rien des dites recompositions.« Nous pouvons bien sûr nous retrouver, ponctuellement ou sur tel ou tel événement particulier, aux côtés des uns ou des autres », nous aussi. « Nous ne pouvons et nous ne devons cependant pas négliger ces quelques milliers, voire ces dizaines de milliers de militants ouvriers politiques, directement issus du PC ou pas. [...] Il est possible de toucher certains d’entre eux avec les idées et les mots de lutte de classe et de les entraîner à nos côtés sur ce terrain. » Oui, bien sûr, mais cela veut dire avoir une politique vis-à-vis des partis du Front de gauche, tout en défendant clairement une politique anticapitaliste et révolutionnaire. De même au sein des syndicats, et de la CGT en particulier...Et c’est là où les textes fort intéressants du congrès de LO (publiés dans la dernière livraison de Lutte de classe) nous laissent sur notre faim. La question essentielle reste sans réponse : quelle politique pour ne pas être des commentateurs de l’actualité mais des révolutionnaires intervenant dans la lutte de classe, cela quelle que soit l’importance du recul que nous connaissons ? Une discussion que nous souhaitons mener avec nos camarades de LO.

Yvan Lemaitre