Publié le Mercredi 17 novembre 2021 à 07h20.

Macron en campagne : chasse aux pauvres, chasse aux chômeurEs, chasse aux migrantEs

Retour sur le discours de Macron du 9 novembre et sur les mesures annoncées par le président et, dans les jours qui ont suivi, par ses ministres : derrière l’autosatisfaction du président, le dangereux programme du candidat.

Lors de son discours du 9 novembre, Macron a bien été obligé de le reconnaître d’emblée : la cinquième vague est bien là. Ce qui est déjà, en soi l’aveu d’un échec. En effet, en France et partout en Europe, la circulation du virus repart à la hausse. Au point que l’OMS en fait aujourd’hui l’épicentre de l’épidémie et s’inquiète du risque de 500 000 morts supplémentaires en Europe cet hiver. 

Toujours rien pour la santé

En poursuivant la politique de démantèlement des services publics de santé et en refusant la levée des brevets et la réquisition des installations pour produire des vaccins en masse pour toute la planète, le gouvernement et les groupes pharmaceutiques portent la lourde responsabilité de cette remontée prévisible. Et ce n’est pas l’aumône de quelques doses pour les pays pauvres qui y changera quoi que ce soit…

Il a beau y avoir 51 millions de vaccinéEs en France, comme s’en vante Macron, la couverture vaccinale n’est que de 87 % pour les plus de 80 ans, une catégorie à risque où l’incidence du virus augmente le plus. Mais Macron a la solution miracle : le coup de pression. Et d’expliquer qu’à partir du 15 décembre, le pass sanitaire sera conditionné à une troisième dose pour les plus de 65 ans et personnes vulnérables, annonçant aussi un renforcement des contrôles !

Les soignantEs ont quant à eux dû se contenter de l’hommage et des beaux discours sur tout ce qui aurait déjà été fait par le gouvernement depuis le début de la pandémie. Tout le monde peut pourtant mesurer la réalité de cette politique dans la situation actuelle des hôpitaux, avec par exemple les 20 % de lits fermés faute de personnels ou les 1 300 démissions d’étudiantEs-infirmierEs dégoûtéEs par leurs conditions de travail.

Le mythe des chômeurEs fainéants

Par contre, le président candidat s’est montré bien plus concret lorsqu’il a égrené le catalogue des offensives diverses et variées contre le monde du travail et l’ensemble de la population. À commencer par l’assurance chômage dont la première phase d’une contre-réforme inique a débuté au 1er octobre. Et ce n’est pas fini, avec l’annonce de la suspension des allocations chômage pour les demandeurEs d’emploi qui ne seraient pas en recherche active correspond bien à une vieille rengaine de droite. Autre rengaine : celle des chômeurEs-fraudeurEs, avec l’annonce par la ministre Élizabeth Borne, dans la foulée du discours de Macron, d’une augmentation des contrôles de 25 % afin « qu’on s’assure que les demandeurs d’emploi cherchent effectivement du travail ». Comme si le chômage était une situation confortable ! Une fois de plus, il s’agit de jeter la suspicion sur les chômeurEs et, plus globalement, sur les pauvres. Et pendant ce temps-là, les fraudeurs et évadés fiscaux courent toujours…

Sur la question des retraites, Macron ne fait que reculer pour mieux sauter à l’après-présidentielle. Pas de mise en œuvre d’ici là, mais la voie est bien tracée pour la suite, Macron insistant sans surprise sur la nécessité de « travailler plus longtemps, en repoussant l’âge légal de départ ».

Enfin, alors que la question climatique est une urgence absolue, Macron relance benoîtement la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, certainement afin « d’être à la hauteur de nos engagements au moment de la COP26 », tout en prétendant que le nucléaire ferait baisser les coûts de l’énergie pour les consommateurEs. On croit rêver…

Résister au rouleau compresseur

Par contre aucune trace de la question la plus urgente, celle du niveau des salaires, des pensions et des allocations, largement distancées par l’augmentation des prix. C’est toujours la même logique, qui avait présidé à l’attribution de la « prime énergie » de 100 euros : ne surtout pas s’en prendre aux racines du problème, ne surtout pas mettre à contribution les plus riches et les grandes entreprises, et faire passer pour de généreux cadeaux des mesures ponctuelles minimales qui ne résoudront rien.

Derrière l’auto-satisfaction d’un président fier de son bilan et toujours aussi arrogant, le traitement de choc qui tient lieu de programme électoral pour le futur candidat annonce des lendemains bien sombres. Guerre aux chômeurs, guerre aux pauvres, et aussi guerre aux migrantEs : au moment même où certains, du côté de la Macronie, font mine de dénoncer le sort infligé aux réfugiéEs à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, la traque continue en effet en France, et Gérald Darmanin fait monter les enchères avec la Grande-Bretagne tandis que les flics continuent de détruire les campements et d’agir violemment contre les migrantEs sans qu’aucune solution d’accueil digne ne soit proposée à ces derniers.

Des lendemains bien sombres, à moins que nous ne mettions un grand stop à Macron et compagnie, et à leurs amis capitalistes qu’ils défendent si servilement : c’est bien ce que nous comptons faire, en soutenant et en développant les mobilisations chez les salariéEs du public comme du privé et dans la jeunesse, pour des conditions de vie dignes, pour de vrais emplois et de vrais salaires, ainsi que les mobilisations antiracistes et contre toutes les oppressions et discriminations. Au-delà, et c’est ce que nous porterons notamment avec la candidature de Philippe Poutou, il s’agit bien de faire vivre la perspective d’une rupture radicale avec les logiques capitalistes et les politiciens au service des plus riches.