C’est donc le buzz médiatico-politique de la rentrée : le chouchou de Hollande et du Medef, Macron, a démissionné du gouvernement quelques mois avant la présidentielle aggravant ainsi un peu plus la crise gouvernementale mais aussi celle du PS.
On peut évidemment se dire que la démission de Macron est une excellente nouvelle pour l’ensemble du monde du travail. Lui qui n’avait que mépris pour celles et ceux qui survivent au quotidien ; lui qui théorisait et prônait le « socialisme de l’offre », qui fit adopter par le 49.3 la loi dite de croissance... assouplissant entre autres le travail du dimanche et de nuit ; lui qui ne cessa de remettre en cause les 35 heures ou le statut des fonctionnaires ; lui qui symbolisait les adieux à la gauche de Hollande. Bref, les salariéEs ne le regretteront pas, c’est certain ! Au-delà, la démission de Macron acte, une nouvelle fois, l’agonie de la représentation politique, du Parti socialiste et de ce gouvernement.
Tchao pantin (du Medef)
Il y a fort longtemps, Chevènement avait affirmé qu’« un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne ! » Récemment, certains ministres en désaccord avec la ligne du gouvernement avaient choisit de la fermer, comme rappelons-le Montebourg ou Hamon... qui ne l’on ouverte qu’après leur démission forcée, ou au contraire avaient décidés de partir, comme ce fut le cas de Taubira en désaccord sur la déchéance de nationalité. Avec Macron, c’est encore autre chose puisque lors de sa démission surmédiatisée, il n’a pas énoncé un seul désaccord avec la politique menée par le gouvernement.
Non lui, il démissionne pour cause d’ambitions personnelles très fortes avant que le navire ne coule définitivement et ne l’emporte avec lui. En effet, il souhaite « entamer une nouvelle étape de [son] combat » et « transformer en profondeur notre système politique, économique et social bloqué ». Macron entend donc dans les mois à venir « faire de la politique autrement »... tout en célébrant cet été Jeanne d’Arc et Philippe de Villiers, en posant en maillot de bain dans un magazine people, et en se positionnant comme le énième candidat à la prochaine présidentielle.
Désintégration du « socialisme » de gouvernement
Aux candidatures déjà annoncées de Hamon et Montebourg s’ajouteront donc pour 2017 celles de Macron mais aussi pourquoi pas celle de Valls qui a posé, ces derniers jours, les jalons d’une telle éventualité. Le scénario de Hollande se trouve donc fortement contrarié : lui qui pensait n’avoir comme concurrents que Mélenchon, Sarkozy et Le Pen, voit désormais se multiplier les candidatures sur son « espace politique ». On peut même se demander, au vu de son illégitimité largement partagée, si Hollande a encore un espace politique pour 2017...
Au-delà des petits jeux de personnes, ce qui est enjeu, c’est bien le projet politique des « socialistes ». Car, sur le fond, Valls et Macron défendent et sont l’expression de la même chose : en finir définitivement avec la gauche classique, réformiste, la social-démocratie, que Macron aime qualifier d’« astre mort », puisque « l’idéologie de gauche classique ne permet pas de penser le réel tel qu’il est »... Sa démission est révélatrice de la crise d’identité d’un PS de plus en plus à l’agonie.
Une nouvelle fois, celles et ceux qui nous gouvernent donnent une bien triste image de la politique qui ne pourrait donc être qu’ambitions personnelles. Nous n’avons pas d’autre choix que de collectivement nous réapproprier l’espace politique squatté par ceux qui définitivement ne nous représentent pas en mettant fin au système qu’ils nourrissent et qui les nourrit.
Sandra Demarcq