Publié le Lundi 11 juillet 2022 à 12h14.

Macron, roi de l’uberisation

Plusieurs médias, dont le Monde, ont publié des articles détaillant le réseau d’influence d’Uber pour s’implanter en France. 233 ministres, conseillers, parlementaires, journalistes, responsables politiques, etc. sont visés, dont François Hollande, alors président et Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie.

L’objectif d’Hubert était de créer des liens visant à influencer les lois et règlement en vigueur pour permettre le développement des transports, concurrençant les taxis, gérés par Uber (UberPop), employant des auto-entrepreneurs, et qui a été le premier pas avant le développement de UberEats ou encore Jump (location de vélos et de trottinettes).

« Une grande campagne de communication par Macron et Uber en parallèle »

Les réseaux mis en place ont permis que des parlementaires défendent des amendements écrits directement par Uber, ou indirectement, par un prestataire, Fipra. Luc Belot, député socialiste du Maine-et-Loire, est ainsi devenu le porte-parole d’Uber dans l’Assemblée nationale. Cette pratique d’écriture d’amendements par des lobbies est courante, mais la particularité de ce lien est qu’il a été constitué au lendemain d’une rencontre entre Travis Kalanick, PDG d’Uber… et Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Un échange interne à Uber indique qu’il faudra « lancer une campagne de communication par Macron et Uber en parallèle ».

Le but était de contribuer au développement d’Uber, soit en modifiant les lois soit, quand elles étaient trop restrictives et impossibles à modifier, à empêcher qu’elles soient appliquées. Ainsi, une tentative de modification de la loi Thévenoud – visant à restreindre les possibilités de concurrence des taxis par les VTC – a été accompagnée du fait qu’UberPop se maintienne dans plusieurs villes malgré son illégalité, que Macron influence le préfet de Marseille pour restreindre les contrôles, que tout ce processus permet à UberPop de se développer avant sa fermeture définitive et sa mise en conformité avec une loi de compromis qui réduit à sept heures la formation nécessaire pour devenir chauffeurs de VTC. Une stratégie du chaos assumée par une communicante : « Parfois, nous avons des problèmes parce que nous sommes foutrement illégaux ».

Le modèle que Macron souhaite imposer

La campagne politique a consisté à justifier idéologiquement ce choix. Ainsi Macron a expliqué qu’il valait mieux être chauffeur de VTC que vendre de la drogue, et prétendu que 70 000 emplois pourraient être créés. Macron a aussi mené une guerre d’influence sur un organisme comme la Direction générale de la consommation, la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour restreindre ses opérations contre Uber.

En réalité, Uber est surtout le modèle que Macron souhaite imposer en lien avec le grand patronat : dérégulation, casse du droit du travail, concurrence exacerbée, tout y est. Les loi Macron, la loi travail, les ordonnances Macron, toutes ces offensives visent à casser les droits collectifs des salariéEs, réduire la part des CDI au profit de statuts précaires, notamment d’auto-entrepreneur, réduire les possibilités de contrôle sur les pratiques patronales, que ce soit de la DGCCRF ou des inspections du travail.

Les victoires juridiques comme la reconnaissance de la relation de subordination d’un chauffeur Uber par la Cour de cassation, en formalisant le fait que le chauffeur n’est en réalité par un auto-entrepreneur mais un salarié indirect d’Uber, permettent de ralentir le processus mais ne l’enrayent pas. Pour ça, il faudrait une riposte d’ensemble du monde du travail, contre le patronat et contre Macron, roi de la casse des droits des travailleurEs au bénéfice des capitalistes !