À défaut de majorité parlementaire, à défaut de crédibilité de son parti Renaissance — qui en est à espérer ne pas passer sous la barre des 20 %, le 9 juin et ne pas se retrouver derrière la liste du PS de Raphaël Glucksmann — Macron fait le service après-vente des prétendus succès de sa politique économique.
Et tant pis si c’est contre-intuitif avec le vécu de la population. Son combat est celui de la « réindustrialisation de la France ». Bien évidemment, ce ne sont pas les préoccupations écologiques qui sont centrales, ni du point de vue de la nature des besoins à satisfaire ni des moyens pour le faire. La préoccupation centrale, c’est l’affichage.
Macron se glorifie donc depuis le début de son premier mandat de la création de 130 000 emplois industriels. Mais, comme le rappellent les chiffres, depuis 1975, près de 3 millions d’emplois dans l’industrie ont été perdus. Ce n’est donc pas vraiment probant et matérialise le vécu des travailleurEs licenciéEs qui ne retrouvent pas de poste dans des branches similaires à celles qui les employaient.
Macron et le raout des industriels
Pour asseoir son sérieux en matière économique, Macron et ses ministres organisaient, le 13 mai, un grand tapage médiatique autour de « Choose France ». Dans ce raout de grands patrons internationaux ghettoïsés à Versailles sous haute protection policière, sont donc annoncées des promesses d’investissements étrangers. « Choose France n’a jamais autant attiré, nous n’avons jamais eu autant de demandes de dirigeants étrangers, au point de devoir refuser du monde, faute de places ! », se vante le ministre de l’Industrie. Avec 56 projets et 15 milliards d’euros, l’édition 2024 s’annonce comme un « record », selon l’Élysée !
Pourtant, il ne s’agit là que d’annonces, et motus sur les conditions d’attractivité qui ont été offertes aux grands patrons. Au-delà des gesticulations de Macron, la possible création de 10 000 emplois ne sauraient cacher que la production industrielle est toujours inférieure de 5 % en volume à son niveau d’avant crise sanitaire. Les 300 usines et 150 000 emplois créés depuis 2017, sont loin d’effacer les stigmates de plusieurs décennies de désindustrialisation.
Là aussi, la mousse ne peut pas tout faire : par exemple, près du site fermé en 2019 par Ford à Blanquefort qui avait supprimé 850 emplois, dont celui de Philippe Poutou, une usine suisse de transformation de nickel envisage d’investir 300 millions et de créer 200 emplois.
L’autorité et l’ordre pour les travailleurEs
Le spectacle de la réception sous les ors de Versailles pourrait être simplement ridicule mais il devient odieusement cynique au regard de la situation des privéEs d’emplois, menacéEs d’être privéEs d’allocations chômage, de celles et ceux qui se retrouvent à la rue, privéEs de logement. C’est un résumé de ce système à bout de souffle qui danse au bord du gouffre.
Macron veut pourtant continuer d’incarner la réussite économique, chère au capitalisme, mais aussi le chef militaire qui n’a que le mot « réarmement » à la bouche, car l’ordre et l’efficacité sont des conditions pour les profits. Pour cela, ses ministres prennent des postures d’homme à poigne, avec dans le premier rôle Gabriel Attal pour « restaurer l’autorité » dans les quartiers, parmi les chômeurEs, les syndicalistes et les militantEs, toutes celles et ceux qui relèvent la tête.
Ce n’est pas l’autorité qui est perdue, c’est l’adhésion à un système qui ne fonctionne pas, qui crée d’un côté la misère et de l’autre la plus grande richesse et s’en contente. Le numéro d’attractivité de Macron ne saurait masquer ni la crise de légitimité de la macronie, dont la montée de l’extrême droite est un symptôme, ni l’absolue nécessité de répondre aux enjeux écologiques et de justice sociale.
Droits des peuples et justice sociale
À l’heure du scrutin européen, et de la bataille des impérialismes pour les ressources naturelles, notre camp social a plus que jamais besoin d’imposer une production agricole et industrielle mesurée et respectueuse du vivant, d’harmoniser les salaires sur les meilleurs salaires de l’Union européenne, de faire de la santé, de l’éduction et du logement des services publics de qualité partout en Europe.
Ces mesures sont pour nous associées à une défense inconditionnelle des droits des peuples à l’autodétermination — loin des États impérialistes et des intérêts des de leurs amis les industriels — en Ukraine, en Palestine et en Kanaky. Nous les imposerons par la lutte, dans la rue, dans la grève comme le montrent aujourd’hui toutes celles et ceux qui se soulèvement contre les plans d’austérité, d’autorité et de reprise en mains, du 93 à la Kanaky.