Publié le Dimanche 19 mars 2017 à 10h48.

Macron : Un programme aux petits oignons pour les patrons !

Plus de trois mois et demi après l’annonce de sa candidature, Macron a enfin daigné révéler son programme urbi et orbi, tel le pape du nouveau marketing politique. Un programme qui ne serait « ni de gauche ni de droite ». Sans blague !

Ainsi Macron serait le candidat du « dépassement des clivages »... En tout cas, il ne sera pas celui du dépassement du clivage patronat-classe ouvrière !

Toujours plus loin contre le monde du travail

Après avoir fait ses classes au sein du gouvernement PS, le soldat Macron veut continuer à servir au plus près les intérêts des capitalistes et persiste dans sa volonté d’en finir avec ce qui reste des acquis ouvriers. Le code du travail devra être négocié dans les branches ou les entreprises « par  accord majoritaire ou référendum d’entreprise » : un élargissement de plus de l’inversion de la hiérarchie des normes inaugurée par la loi travail. Une seule règle sera instituée au niveau national : un plancher et surtout un plafond pour les indemnités prud’homales. Un dispositif que Macron n’avait pas réussi à imposer dans le cadre de la loi El Khomri. Il propose aussi la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires... sauf dans la sécurité !

Concernant l’assurance chômage, il propose un « système d’indemnisation du chômage universel », y compris pour les entrepreneurs et les indépendants, en étatisant l’Unedic et en remplaçant les cotisations des salariéEs par un financement via la CSG, cet impôt non progressif qui concerne aussi les retraitéEs. Et rien n’est dit sur le fait que les patrons continueront encore à payer !

Les allocations chômage mode Macron deviendront une allocation universelle dont le niveau sera très bas, et avec un renforcement du flicage sur les privés d’emploi puisque « l’insuffisance des efforts de recherche d’emploi ou le refus d’offres raisonnables entraîneront la suspension des  allocations ».

Toujours plus fort en faveur des riches

« Nous irons vers un système universel de retraite où pour chacun, 1 euro cotisé donnera droit au même droit à la retraite », explique Macron, qui assure ne pas vouloir « modifier l’âge de départ à la retraite ». Et hop ! C’est parti pour la fusion des 37 régimes de retraite, dont les régimes spéciaux, et l’alignement des fonctionnaires sur le privé.

« Les Français à la retraite ne verront aucun changement. Ceux qui prendront la retraite dans les cinq années à venir non plus », assure Macron... Au moins on voit à quel rythme Macron envisage d’en finir avec la retraite par répartition et mettre en place la retraite par points, cette vieille marotte des ultra-libéraux, dont les principales conséquences seront d’enrichir encore un peu plus les grands groupes capitalistes d’assurances privées et appauvrir le monde du travail.

Macron trouve aussi que les petites contraintes financières imposées aux banques européennes après la crise de 2008, dites « règles prudentielles », sont un frein au financement de l’activité économique... Il propose donc de les supprimer purement et simplement. Il veut aussi étendre le Crédit impôt compétitivité emploi (CICE) dont il a été l’un des inventeurs lorsqu’il était secrétaire général adjoint de l’Élysée : les cotisations employeurs seront baissées « jusqu’à 10 points au niveau du Smic ». Le candidat prévoit également de baisser l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 % et veut transformer l’ISF en « Impôt sur la fortune immobilière », ce qui veut dire en exclure le ­patrimoine financier...

Décidément – et plus que jamais –pour les patrons et les banquiers, tout est bon dans le Macron !

Macron séduit largement... y compris au PS !

Après les ralliements ultra-­médiatiques des Bayrou, Delanoé et Cohn-Bendit, et ceux plus discrets mais néanmoins réguliers de centaines d’éluEs locaux socialistes et centristes, c’est aussi une grosse quarantaine de députéEs du Parti socialiste qui s’apprête à publier un appel de ralliement à Macron (qui a fuité dans la presse il y a quelques jours) : « la candidature d’Emmanuel Macron (…) marque une rupture générationnelle et son projet ambitieux et crédible représente l’espoir d’un renouveau politique dans lequel le social-réformisme a toute sa place. C’est à la construction d’une nouvelle alliance européenne et réformiste, autour d’Emmanuel Macron, que nous appelons en tant que socialistes ».

Une preuve de plus que le programme de Macron n’a rien pour déplaire à certains « socialistes »... Macron incarne très bien la continuité du quinquennat Hollande !

Marie-Hélène Duverger