Mardi 16 octobre, une quinzaine de perquisitions se sont déroulées simultanément dans l’environnement de La France insoumise, aux sièges du Parti de gauche et de La France insoumise, et même au domicile de Jean-Luc Mélenchon et de nombreux militantEs. Ces perquisitions, avec leur déploiement policier inédit dans le milieu politique, sont liées à une enquête préliminaire qui a été ouverte pour « escroquerie, abus de confiance, infraction à la législation des campagnes électorales et travail dissimulé aggravé ». Le personnage Mélenchon, sa personne « sacrée », la mise en images auto-orchestrée par Mélenchon lui-même, ne doivent pas faire passer sous silence que La France insoumise n’a pas été traitée de la même manière que les autres.
Deux poids deux mesures
En y regardant de près, on peut à juste titre se questionner sur la disproportion des moyens déployés ce mardi 16 octobre contre La France insoumise et ses responsables. Et si nous la comparons au traitement d’autres organisations politiques et personnalités qui sont aujourd’hui également visés pour les mêmes faits, il n’y a rien de comparable. Marine Le Pen, par exemple, impliquée dans de nombreuses affaires et qui est aujourd’hui visée par deux enquêtes préliminaires et une information judiciaire, n’a jamais vu son domicile perquisitionné. Et ne parlons même pas de Macron qui est lui-même visé par une enquête préliminaire, suite à une plainte d’élus de droite pour « emploi fictifs » et « utilisation d’emplois publics » pendant la campagne présidentielle, via la ville de Lyon. Sans parler des conditions de la perquisition du domicile de Benalla des 20 et 21 juillet dernier qui ont tellement parues suspectes qu’un syndicat de policiers a demandé des investigations complémentaires… Alors même si, formellement, les perquisitions qu’ont subies la FI et ses responsables, sont légales et ne sont pas une première, puisque cela a déjà été fait à de nombreuses reprises, comme chez Dominique de Villepin (affaire Clearstream), Jean-François Copé (affaire Bygmalion) ou Michèle Alliot-Marie, ce qui est différent dans cette affaire c’est la simultanéité et le nombre. Et cela interroge à plus d’un titre, à la fois sur le rôle de Macron et sur l’indépendance de la justice et du parquet, avec un nouveau procureur nommé par Macron lui-même.
Le problème Mélenchon
Face à cette situation, Mélenchon a choisi comme souvent « le bruit et la fureur » comme stratégie de défense. De chez lui, il a fait un Facebook live de sa perquisition, puis appelé les militantEs (ce que nous aurions fait également) et les médias à venir au siège de La France insoumise. Alors que, jusqu’à présent, Mélenchon savait plus ou moins se retenir, il est apparu tout autre, hors de contrôle. Un homme qui dit « la République c’est moi », qu’il est « une personne sacrée » et qui se pense au-dessus des lois puisqu’il a une « immunité parlementaire ». Loin, très loin du candidat du peuple qu’il veut être. Sans oublier son mépris pour l’accent d’une journaliste toulousaine, les « abrutis de Radio France », la campagne haineuse contre Mediapart… Il n’en fallait pas plus pour faire oublier le fond de l’affaire (comment se fait-il qu’un tel dispositif ait été déployé contre la principale force d’opposition de Macron ?) et pour que certains politiques et médias se déchaînent et rivalisent de mauvaise foi, en mettant notamment Mélenchon et Le Pen sur le même plan…
À qui profite le crime ?
Cette séquence a réussi à faire oublier le contexte politique dans lequel elle se déroule : celui d’une crise politique sans précédent pour le gouvernement, d’un remaniement raté, tout comme la dernière prestation médiatique de Macron, de sondages toujours plus bas et d’un mécontentement de la majorité des salariéEs, de la jeunesse, des retraitéEs.
En tout état de cause, et au-delà de Mélenchon, les perquisitions de La France insoumise et de ses responsables sont un signal donné à toutes celles et ceux qui résistent à ce gouvernement. À l’évidence, en Macronie, mieux vaut être dans la cour de Jupiter que dans son opposition politique et sociale.
Joséphine Simplon