Un vent mauvais souffle sur l’Europe. Un sale vent qui nous rappelle les pires heures de notre histoire. Celles des persécutions, des exclusions, du racisme et du fascisme.
La tragique épopée de l’Aquarius continue à l’heure où ces lignes sont écrites. Le sort de 629 migrantEs, hommes, femmes et enfants, le plus souvent épuisés, blessés, sauvés du naufrage par les activistes de SOS Méditerranée, fuyant leurs pays ravagés par la guerre et la misère, est entre les mains des dirigeants de l’Union européenne, rivalisant dans le cynisme et la surenchère démagogique.
Le bal des pourris
À qui attribuer l’Oscar du plus pourri ? Au Premier ministre belge qui croit faire de l’humour en déclarant que « la Belgique n’a pas de port en Méditerranée » ? Au nouveau ministre de l’Intérieur fasciste d’Italie Matteo Salvini qui ose crier « victoire » après avoir interdit au bateau d’accoster dans un port italien ? À Macron et Collomb qui, par leur silence assourdissant quant à la possibilité que la France accueille l'Aquarius, cautionnent le susnommé avant de le critiquer hypocritement ? Car il serait trop facile de ne cibler que le « vilain fasciste » Salvini comme seul responsable de la tragédie qui se joue chaque jour en Méditerranée. C’est toute la politique migratoire européenne qui est mise en accusation. Ce sont tous les gouvernements du vieux continent qui, pour des raisons bassement électorales, entretiennent depuis des années sous des formes diverses le mythe anxiogène de l’envahissement, ou celui tout aussi démagogique qui prétend qu’on ne pourrait pas « accueillir toute la misère du monde ».
Contre la loi asile-immigration
Nous ne plierons pas face à ce vent mauvais, et nous ne nous déroberons pas devant nos propres responsabilités, ici et maintenant. La première étant de toute urgence : combattre jusqu’au bout le projet de loi raciste asile et immigration. Car s’il est des batailles que l’on est sûr de perdre, ce sont bien celles que l’on ne mène pas ! À ce jour, et au risque de nous répéter, aucune riposte nationale, aucune manifestation de rue, aucun rassemblement n’a même été envisagé par les organisations politiques et associations anti-racistes « institutionnelles », réduisant leur « action » à une « bataille » d’amendements à l’Assemblée et au Sénat. Le mouvement social, s’il a invité certains collectifs de sans-papiers et de migrantEs à ses assemblées générales, n’a pas fait de la lutte contre la loi asile-immigration une de ses priorité. Il n’est jamais trop tard, et l’agenda des rendez-vous antiracistes est suffisamment fourni pour se rattraper.
Agenda antiraciste
Dimanche 17 juin, les participantEs à la marche Vintimille-Londres feront escale à Paris. La Marche des solidarités et les collectifs de sans-papiers d’Île-de-France les accueilleront à 15 h à la gare d’Austerlitz, d’où nous partirons ensemble en manifestation jusqu’à la place de la République.
Mardi 26 juin, date du vote de la loi au Sénat : un rassemblement devant le Sénat est organisé par le Marche des solidarités et les collectifs de sans-papiers, à 17 h 30.
Samedi 7 juillet, les marcheurs et marcheuses de l’Auberge des migrants arriveront à Calais. Une manifestation est prévue, pour exprimer, avec les migrantEs, notre exigence de mettre fin à ce régime des frontières, absurde et criminel. De mettre fin à la chasse aux migrantEs dans toute la région de Calais où, depuis l’évacuation de la « jungle », la police et les autorités locales traquent celles et ceux qui n’ont pas abandonné, malgré la répression féroce, leur désir de passer en Angleterre.
De l’air, de l’air ! Ouvrons les frontières !
Alain Pojolat