Publié le Mardi 9 novembre 2021 à 17h23.

Montebourg : dérive individuelle ou symptôme morbide ?

« Bravo Arnaud ! » C’est ainsi qu’Éric Zemmour a salué, le 7 novembre, la proposition d’Arnaud Montebourg de « bloquer les transferts d'argent particuliers vers les pays qui ne nous aident pas à appliquer les obligations de quitter le territoire français ». Une proposition particulièrement dégueulasse, qui vise à s’en prendre directement aux solidarités entre les travailleurEs immigrés et leurs familles ou leurs proches restés dans les pays d’origine. Une proposition que l’on retrouve à l’identique dans le cahier « asile-immigration » du Rassemblement national publié en avril 2018 : « En cas de refus de travailler conjointement à une politique migratoire acceptable, il sera instauré une réduction — voire une interdiction — des transferts de capitaux de la diaspora vers ce pays. »

Les pathétiques rétropédalages de Montebourg après le tollé suscité, à gauche, par ses propos, n’y changeront rien : le candidat auto-déclaré à la présidentielle braconne ouvertement sur les terres de Zemmour et Le Pen, énième symptôme de l’alignement progressif de l’ensemble du champ politique sur l’extrême droite et ses propositions réactionnaires. Symptôme également de la porosité manifeste entre le « souverainisme » des uns, le « patriotisme » des autres et, en bout de chaîne, le racisme le plus crasse. On notera d’ailleurs que parmi les responsables politiques qui ont cru bon de s’offusquer bruyamment des propositions de Montebourg, on retrouve plusieurs aspirants gardes-frontières incapables de se prononcer pour la régularisation de touTEs les sans-papiers et pour la liberté de circulation et d’installation, et donc pas à un paradoxe près.

L’« affaire » Montebourg n’est pas l’expression, contrairement à ce que certains voudraient faire croire, de la « dérive » d’un individu, mais bien de l’extrême droitisation généralisée du champ politique et de ses effets sur ce que certains osent encore appeler « gauche de gouvernement ». Dans ce une telle situation, l’heure n’est pas aux tergiversations ou aux compromissions bassement électoralistes, qui ne feront que préparer le pire. Au contraire, c’est un internationalisme et un antiracisme décomplexés qui sont à l’ordre du jour ; et sur ce terrain comme sur beaucoup d’autres, dans les mobilisations comme dans la campagne présidentielle, on ne lâchera rien !