Publié le Mardi 2 janvier 2018 à 22h04.

Ne pas se demander ce que Macron peut faire pour nous

À quelques millions de voix près, Philippe Poutou n’a pas été élu président de la République. Il n’a donc pas pu présenter ses vœux en direct à la télévision le 31 décembre au soir, et nous avons dû en revanche subir pendant près de 20 minutes la litanie d’Emmanuel Macron. Des vœux-programme durant lesquels le président start-upeur, satisfait et sûr de lui, nous a « promis » de poursuivre sur la voie qu’il a empruntée depuis son élection. Comprendre : toujours plus d’attaques contre les droits sociaux et démocratiques, toujours plus de cadeaux aux riches, toujours plus d’efforts demandés aux classes populaires, toujours plus de férocité à l’égard des migrantEs. 

Emmanuel Macron a au moins un mérite : celui d’annoncer la couleur. Sa politique est une politique de classe et sa méthode, brutale et arrogante tout en se donnant l’apparence de la « modernité », est à l’image de la société qu’il entend construire : une société du chacun pour soi avec pour seul leitmotiv « enrichissez-vous », de laquelle toute forme de solidarité est absente, sinon entre les plus fortunés, et où l’on accuse les pauvres, les chômeurEs, les exploitéEs, d’être responsables de leur situation.

De cette société-là, on n’en veut pas ! L’année 2017, sur laquelle nous opérons un retour dans ce numéro de l’Anticapitaliste, a certes été celle du triomphe de Macron et des difficultés à construire une opposition de rue, massive et déterminée, à sa politique, mais aussi celle des résistances, éparses mais multiples, et de la volonté largement partagée de faire entendre une autre voix que celle des compromissions ou de la résignation face à un monde de plus en plus barbare. 

La campagne présidentielle du NPA et la candidature de Philippe Poutou ont été l’occasion de le dire et de le répéter : nous ne sommes pas condamnéEs à subir le mépris des puissants, et ils ne sont pas aussi forts que leur belle assurance le laisse parfois entendre. La crise du capitalisme se double d’une crise politique et sociale profonde, et si Macron a pu apparaître, pour les secteurs les plus offensifs du capital, comme une solution miracle pour dépasser cette crise, il n’en demeure pas moins que sa légitimité est faible et son assise sociale instable.

Nous ne savons pas de quoi 2018 sera fait, et bien présomptueux sont ceux qui pronostiquent une année d’atonie de la contestation, à l’heure où des explosions sociales peuvent survenir dans des pays aussi répressifs que l’Iran. Notre résolution ? Ne rien lâcher et œuvrer à ce que nous soyons des millions à nous demander chaque matin ce que nous pouvons faire pour en finir avec un système inhumain et dangereux… et passer à l’action !

Julien Salingue