Un remaniement ministériel et deux prises de parole plus tard, l’apaisement tant voulu par le président n’est toujours pas au rendez-vous en cette fin juillet.
La preuve, lors de son interview du 24 juillet en direct de Nouméa, Macron n’a soufflé mot des raisons de la révolte de fin juin, étouffant une deuxième fois — symboliquement — la révolte elle-même. Car, il ne sait que s’adresser à sa classe, à sa caste… à laquelle il a donné une fois de plus des gages après un exercice d’autosatisfaction et d’autoconviction télévisuel.
À marche forcée
Macron semble poursuivre « l’œuvre » qu’il a commencée. Il a dit et répété plusieurs fois lors du premier Conseil des ministres du gouvernement Borne 3 que « dans l’année écoulée, plus de lois sont passés qu’il y a six ans » et s’est félicité des avancées « à marche forcée ». En guise d’avancées ces derniers mois, la réforme inique des retraites, le doublement du budget militaire, la casse du code du travail et les attaques contre les droits des chômeurEs… et le renforcement du nucléaire. Et il a prévu de continuer dans la même voie en restreignant les droits des immigréEs dès la rentrée, en réformant le lycée professionnel, et en favorisant les pédagogies autoritaires et punitives à l’école.
Des ministres de combat
Il n’est qu’à voir qui sont les huit nouveaux ministres et leur curriculum vitae pour prendre la mesure de ce qui nous attend. Gabriel Attal entre à l’Éducation nationale pour remplacer Pap Ndiaye, à qui l’exercice du pouvoir n’aura décidément pas réussi… surtout quand les idées nauséabondes prolifèrent. Ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle pour le service public de l’Éducation ! Le plus jeune lieutenant de Macron a déjà tenté l’ubérisation des comptes publics…
Aurélien Rousseau, le nouveau ministre de la Santé, n’est autre que l’ancien chef de cabinet d’Elisabeth Borne. Une solide expérience des luttes sociales, donc… et beaucoup d’entregent puisque son épouse est numéro deux de la Caisse nationale d’Assurance maladie. Un conflit d’intérêts ? Nullement, répond l’intéressé !
Quant aux six autres entrantEs, ils sont tous issus des bancs du Palais Bourbon, et des rangs de Renaissance, le parti du président. Parmi eux, Aurore Bergé, une fidèle de la macronie, au ministères des Solidarités. De quoi s’inquiéter !
Autrement dit, avec ce gouvernement resserré autour de celles et ceux qui lui doivent tout, Macron se prépare à gouverner plus encore sous le signe de l’autoritarisme.
L’ordre, l’ordre, l’ordre
Macron l’a martelé trois fois. Son objectif, c’est « l’ordre, l’ordre, l’ordre ». On sait donc à quoi s’en tenir. L’ordre des profits, l’ordre de la concurrence généralisée, l’ordre de l’individualisme, l’ordre du capitalisme vert et l’ordre de la matraque pour toutes celles et ceux qui n’entreraient pas dans le rang… À cet égard, il a bien besoin de la police, entrée en sédition ces derniers jours. Ce n’est donc que du bout des lèvres qu’il a affirmé de Nouméa avec une bonne dose de généralités que « nul n’est au-dessus des lois ».
Pourtant, un certain nombre de ses ministres se sont illustrés en matière de transgression des lois, à commencer par Darmanin et Dupont-Moretti. Et ce ne sont pas à eux que le gouvernement a demandé de rembourser leurs indemnités (pas plus qu’à Sarkozy d’ailleurs) comme le gouvernement prétend le faire auprès des familles des jeunes interpelléEs à la suite de la révolte, dans une logique honteusement punitive.
La solidarité ne se marchande pas, la solidarité n’attend pas le silence et la docilité des classes laborieuses et des populations raciséEs. La solidarité c’est le partage des richesses et la mutualisation… À des années-lumière du projet de Macron, qui est l’ubérisation à grande échelle !
Un mouvement d’ensemble et une gauche combat
Face à l’inflation et aux bas salaires, face aux coups bas qui vont tomber à la rentrée sur les réfugiées, face à la casse du service public de l’école et sur celui de la santé, à l’urgence écologique, à l’offensive idéologique autoritaire, à la violence d’État, au racisme, plus que jamais le mouvement ouvrier et l’ensemble du monde du travail ont besoin d’une stratégie d’ensemble pour combattre le nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne, Macron et son monde.
Nous avons besoin de l’unité la plus large dans la rue pour inventer une autre démocratie, d’autres manières de décider et imposer nos façons solidaires de travailler, de produire et de partager les richesses sans laisser brûler la planète !