Avec plus de 20 000 mortEs après cinq semaines de confinement, un des pires bilans de politique sanitaire en Europe, le gouvernement met un coup d’accélérateur à sa politique criminelle, dont le principal moteur est la défense des intérêts des entreprises françaises dans une concurrence mondiale qui va se déchaîner.
Cette accélération s’inscrit dans la continuité directe de ce que Macron impulse depuis le début de la crise, quelle que soit la tonalité de ses discours : faussement rassurant avant le 13 mars, guerrier le 16 mars, protecteur puis contrit, mais toujours dissimulateur. 20 000 mortEs plus tard, ce pouvoir a décidé de faire passer le bolide fou de l’appareil économique de la 1re à la 6e vitesse, en nous avertissant qu’il va y avoir de la casse… Sans blague !
Qu’importent les signaux d’alerte des scientifiques et des médecins qui avertissent que, le virus continuant de circuler, le risque d’une deuxième vague épidémique nous guette. Avec une double certitude : les soignantEs, ainsi que toutes celles et ceux qui permettent par leur travail quotidien (employéEs du commerce, des services de nettoyage, des transports, etc.) que la vie en période de confinement continue, même bouleversée, sont épuisés et ne pourront tenir le choc physique et psychique d’une deuxième vague ; les populations qui seraient de nouveau les plus nombreuses victimes seraient les habitantEs des quartiers populaires, les premiers à retourner s’entasser dans des transports où il serait impossible de respecter les distances barrières, et à reprendre des emplois pénibles sans conditions de protection adéquates sur des chantiers, dans des usines, des centres logistiques ou des activités informelles. Sans parler des écoles, collèges et lycées dont la réouverture sans moyens de protection transformerait les élèves, leurs enseignantEs et tout le personnel de vie scolaire et d’entretien en incubateur du virus.
Les solutions viennent d’en bas
Un tel scénario est irresponsable et doit être contrecarré par tous les moyens que nous pouvons imaginer et développer. Le bilan de ces derniers mois est éclairant : les mesures d’en haut, qu’elles soient gouvernementales ou patronales, ont pour seul effet la mise en danger qui, de plus, est imposée par la culpabilisation et la menace de la répression policière et judiciaire. Tout ce qui a préservé des vies, tenté de rendre le confinement moins insupportable résulte de l’action des salariéEs et de la population : celles et ceux qui sont allés bosser tous les jours parce que leur activité était indispensable ; celles et ceux qui se sont mis en droit de retrait pour imposer à La Poste par exemple, l’arrêt d’activités non essentielles, ou faire condamner Amazon ; celles et ceux qui mettent en place des chaînes de solidarité pour produire et acheminer le matériel qui manque aux soignantEs ; celles et ceux qui, dans les cités des quartiers populaires, assurent la solidarité pour empêcher les plus faibles de rester isoléEs et permettre à des milliers de familles de se nourrir… et il faut ajouter celles et ceux qui vont dans les squats, les campements ou dans la rue, à la rencontre des migrantEs et des personnes sans domicile pour les aider à se soigner et ne pas mourir de faim.
Ces actions sont aujourd’hui des « réflexes de survie ». L’enjeu est qu’elles deviennent un projet politique pour sortir de ce confinement imposé par la faillite du gouvernement, sans payer la crise économique dont la crise sanitaire a accéléré le déclenchement et démultiplié les effets. Le NPA met en discussion avec les équipes politiques, syndicales, associatives mais aussi avec toutes celles et ceux qui font vivre ces actions de solidarité, des axes revendicatifs autour desquels nous pensons construire et imposer un programme d’urgence sociale et démocratique, que nous pourrions notamment populariser à l’occasion du 1er Mai :
- Urgences sanitaires pour enrayer l’épidémie et soigner les malades– Distribution du matériel médical de protection (masques, gel…) ;– Tests de dépistage gratuits et systématiques ;– Augmentation immédiate des budgets hospitaliers (réouverture des 100 000 lits supprimés depuis 20 ans et recrutements massifs de 120 000 personnes sous statut) ;– Réquisition et socialisation de l’ensemble des industries produisant le matériel médical, ainsi que des établissements de santé privés ;– Réquisition d’entreprises de fabrication et réorientation de leur production vers le matériel médical manquant ;– Continuité des soins pour toutes les pathologies graves.
Urgences sociales pour enrayer les reculs pour le monde du travail– Mise à l’arrêt des lieux de production et de services pour les secteurs non essentiels, avec maintien du salaire pour l’ensemble des salariéEs quel que soit leur statut ;– Respect du droit de retrait pour touTEs les salariéEs en cas de crainte pour leur santé ou celle de leurs proches ;– Indemnisation intégrale à hauteur du salaire en cas de chômage partiel ou de confinement ;– Versement du salaire intégral en cas d’arrêt pour garde d’enfant ou pour protection préventive ;– Interdiction des licenciements et suppressions d’emplois (y compris les intérimaires et vacataires) ;– Interdiction de remettre en cause les congés acquis (annuels ou RTT) ;– Abrogation des mesures pénalisant toujours plus les chômeurEs.Urgences sociales pour des conditions de vie dignes malgré le confinement– Réquisition des logements vides (pour la mise à l’abri en particulier des SDF, réfugiéEs, femmes et enfants victimes de violences…) ;– Moratoire sur les loyers et factures d’énergie ;– Organisation de la distribution alimentaire pour pallier la baisse d’activité des associations caritatives ;– Fermeture des CRA, levée de toutes les restrictions sur l’accès aux soins pour les migrantEs, régularisation des sans-papiers ;– Maintien effectif du droit à l’avortement ;– Des moyens pour les associations qui luttent contre les violences faites aux femmes et les LGBTI-phobies ;– Réouverture de tous les services psychiatriques ;– Libération d’un maximum de prisonnierEs ; – Contre les amendes et l’application liberticide Stop-Covid.