Avec la nouvelle interdiction prononcée contre la manifestation parisienne prévue samedi 15 juillet à l’initiative de la Coordination nationale contre les violences policières, ces derniers jours ont confirmé le cours liberticide suivi par le pouvoir macroniste après le meurtre de Nahel.
Le 8 juillet, la manifestation initiée par le comité Vérité et justice pour Adama, était interdite d’abord à Beaumont-sur-Oise, puis à Paris. L’arrestation de deux animateurs du comité, dont l’un des frères d’Assa Traoré, la menace directe via un communiqué de la préfecture de police envers Assa Traoré, ciblée pour avoir appelé à se rassembler place de la République malgré l’interdiction… Tout cela ouvre la voie à une possible menace de dissolution du comité Vérité et Justice pour Adama.
Fuite en avant liberticide et raciste contre les quartiers
Après un courrier de Nunez menaçant, le préfet de police a suivi les desiderata exprimés par Darmanin et le ministère de l’Intérieur : « Nous considérons que les manifestations en lien avec les violences urbaines que nous avons connues doivent être interdites ». La manifestation prévue samedi 15 juillet a donc été interdite. Dans un dégueulasse renvoi dos-à-dos entre meurtrier et victime, après avoir interdit deux rassemblements en soutien au flic meurtrier de Nahel, Nunez devait se sentir autorisé à interdire l’expression des familles de victimes de violences policières… Odieux !
Au niveau juridique, le référé liberté initié par les avocatEs de la coordination a été rejeté pour risque de trouble à l’ordre public, criminalisant de fait, avec une dimension raciste évidente, toutes mobilisations issues des quartiers populaires. Il a été rejeté en raison de l’absence de « forces de l’ordre » suffisantes pour encadrer la manifestation, si elle avait lieu… Selon la préfecture, policiers et gendarmes étaient mobilisés au même moment pour un concert de pop coréenne au Stade de France. Cela n’a pas empêché 25 camionnettes bleu marine — et les personnes qui vont avec — d’encadrer la place de la République au moment où aurait dû se tenir la manifestation…
Un communiqué unitaire signé de différentes organisations syndicales, politiques, associatives, et de collectifs militants des quartiers populaires, est sorti le 14 juillet, communiqué qui dénonçait à juste titre « cette tentative de museler l’expression politique des quartiers populaires et la répression des mouvements sociaux et écologistes ».
Avec les premierEs concernéEs, faire front !
Les familles de victimes ainsi que les collectifs qui font partie de la coordination ont choisi de maintenir une conférence de presse qui s’est tenue à quelques dizaines de mètres de la place de la République, suivie d’un meeting appelé le matin même dans le 20e arrondissement en présence de près de 400 personnes. Les premierEs concernéEs, beaucoup de familles de victimes et membres des collectifs y ont pris la parole : Lamine Dieng, Souheil El Khalfaoui, Ali Ziri, Guaye Camara… Le comité Adama absent soutenait les initiatives de la journée, comme l’a exprimé Assa Traoré dans un entretien publié la veille dans Libération. Au-delà de la diversité des situations, elles et ils ont en particulièrement porté des exigences que nous partageons, à commencer par la suppression de l’article L435-1 du Code de la sécurité intérieure (qui autorise les forces de l’ordre à faire usage de leur arme lors d’un contrôle routier) et l’interdiction des techniques d’immobilisation (dont la dite technique du pliage, responsable d’asphyxie). Les mutiléEs, en particulier issus des Gilets jaunes, ainsi que les différents soutiens sont aussi intervenus.
Le cadre autour de l’appel unitaire « Notre pays est en deuil et en colère »1 est un point d’appui pour construire la suite de la mobilisation. Réunissant tant des organisations issues du mouvement social, du mouvement ouvrier que des collectifs et représentantEs de quartiers, plusieurs réunions ont permis d’apporter la solidarité nécessaire aux organisateurs et organisatrices des mobilisations récentes contre les violences policières. Ce cadre permet d’envisager la perspective d’organiser rapidement à la rentrée des marches ou manifestations dans plusieurs villes.
Contre la pression brutale du macronisme, contre la menace de l’extrême droite, répondre à l’appel de celles et ceux qui sont en première ligne contre les violences policières et le racisme est une nécessité. Faire front ensemble sera sans doute l’enjeu central de la rentrée.