Publié le Mercredi 4 décembre 2024 à 12h00.

Notre 49.3, c’est dans la rue !

On l’attendait depuis des semaines, ça y est ! Le 49.3 sur le budget de la Sécurité sociale, le PLFSS, est tombé, mais cette fois les commentateurs politiques s’accordent à dire que le gouvernement va tomber.

La censure « rendra tout plus difficile et plus grave », prévenait le Premier ministre Michel Barnier après avoir engagé sa responsabilité devant l’Assemblée nationale le 2 décembre. Une menace à l’adresse sans doute des députéEs du RN avec qui lui et son gouvernement ont négocié des semaines durant sur le dos des travailleurEs, des précaires et des personnes racisées. Retailleau, lui, parle de celleux qui « d’une extrémité à l’autre, s’apprêtent à jouer le destin de la France et des Français à la roulette russe »

Probable que le gouvernement Barnier pensait avoir fait suffisamment de concessions à l’extrême droite pour que ses députéEs ne votent pas la censure. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les éditorialistes échaffaudent des scénarios : Quel nouveau Premier ministre ? Dans quel délai ? Quel budget en 2025 ? Quels sont les recours ? Macron démissionnera-t-il ? En bref, la crise de régime continue.

Instabilité politique et emplois

Pourtant, l’instabilité politique aggravée par la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin par Macron n’a eu que peu d’effet sur les politiques des entreprises qui, dans tous les cas avec Barnier aux affaires, pouvaient compter sur les cadeaux ­habituels au patronat. 

Cela n’a pas empêché des grands groupes d’annoncer des suppressions d’emplois. Plus de 180 000 emplois menacés ou supprimés selon la CGT depuis janvier 2024 et vraisemblablement plus de 300 000, avec les emplois induits (voir page 5) : Michelin, Auchan, Vencorex… pour ne citer que quelques exemples. Dans la fonction publique également, de nombreux emplois sont menacés sous l’effet anticipé du budget d’austérité (voir page 6). Avec l’inflation, et la réforme de l’assurance chômage, c’est à un véritable régime de crise que sont confrontés les travailleurEs.

Pourtant, tous ces emplois peuvent être sauvés. C’est une question de volonté politique, laquelle n’existe pas du côté de ceux qui ont le pouvoir. Le moratoire sur les licenciements ou l’interdiction sont un début pour commencer à se mobiliser, à tenir ensemble, à devenir une force collective pour discuter la reconversion possible des salariéEs, la modification de la production, dans le but non pas de faire du profit mais de satisfaire les besoins de la population en tenant compte de l’impact de la production sur le vivant tout entier : les conditions de travail des humains et l’environnement. 

Mobilisation le 5, le 11 et le 12 décembre

Alors que le 5 décembre, le capital n’aura plus de gouvernement (peut-être), nous les travailleurEs nous serons dans la rue pour l’emploi, pour dire stop aux licenciements : pour la répartition des richesses et la réduction du temps de travail, pour la retraite à 60 ans — tout ce qui a fait le socle de l’opposition à Macron notamment pendant la mobilisation de 2023 contre la réforme des retraites. 

Cette journée est l’occasion de se donner de la force pour celle du 12 décembre et pour la grève reconductible qui va commencer le 11 décembre à la SNCF. Le 14 et le 18 décembre, nous serons aux côtés des travailleurEs sans papiers contre les politiques racistes et antisociales. 

Comme nous l’avons été au printemps pour faire face à la ­poussée électorale de l’extrême droite au moment de la création du NFP, nous pouvons ensemble dans les prochaines semaines nous unir dans les entreprises, dans les quartiers, en assemblées générales, autour des revendications du NFP pour les faire gagner. Le programme du NFP peut en ce sens être un point d’appui, montrer que nous sommes une force sociale, électorale et politique qui se bat pour l’égalité, la justice sociale et l’écosocialisme.

Car quelle que soit l’issue de la période très instable qui s’est ouverte depuis la dissolution de l’Assemblée et qui s’approfondit dans les institutions ces derniers jours, il nous faut lutter. Il n’y aura pas d’issue dans le cadre de cette 5e République. Nous devons construire les mobilisations pour imposer un rapport de forces contre ce gouvernement, contre l’extrême droite pour imposer la fin du présidentialisme, imaginer une nouvelle assemblée constituante capable contrôler les éluEs et se doter d’un programme de rupture anticapitaliste. 

Fabienne Dolet