Depuis sa conférence nationale, le PCF connaît une crise publique sans précédent. Une crise amplifiée ces derniers jours par le résultat un peu inattendu de la primaire du PS et de ses alliés...
On se souvient que Pierre Laurent avait réussi, lors de la conférence nationale consacrée à la présidentielle et au vote des militantEs qui avait suivi, à trouver une courte majorité pour le soutien à Mélenchon. Cela contre l’avis de Chassaigne qui, lui, souhaitait une candidature PCF... mais voulait surtout préparer une alliance avec le PS en vu des législatives. Le texte adopté à cette occasion précisait quand même que la situation pouvait changer... Et c’est donc ce qui est arrivé avec la victoire d’Hamon.
La clarté dans la confusion
Dans une interview accordée au journal Politis, le secrétaire général du PCF est plus clair dans sa confusion... Il confirme que le résultat de la primaire du PS pourrait changer les choses : « Les jeux n’étaient pas fait, et les électeurs de gauche ont beaucoup de choses en commun ». Il faudrait arriver « à un contrat de majorité à gauche », donc « chercher les voix du rassemblement », avec en particulier un accord de partis. Et sur ce point, Pierre Laurent de préciser : « Nous avons effectivement une divergence avec Mélenchon ».
Comme pour (se) rassurer, le secrétaire national précise que « Jean-Luc Mélenchon est notre candidat à la présidentielle. Moi, je ne fais pas de la politique fiction sur les semaines à venir ». Puis plus loin, de dévoiler son jeu : « Nous considérons que les législatives sont d’égale importance avec l’élection présidentielle. (…) Le maintien de ce préalable [la signature par les tous les candidats d’une Charte élaborée par La France insoumise et Mélenchon], qui n’est pas accepté par des communistes et ni par les autres composantes qui soutiennent Mélenchon, n’est pas raisonnable ».
Pierre Laurent vante ensuite le rôle irremplaçable qu’auraient des députés communistes... et le désastre que ce serait d’avoir des face-à-face entre les candidats du PCF et ceux de La France insoumise. Et d’avouer enfin qu’il ne sait pas s’il y aura un accord national mais que « ce problème pourra se résoudre par la discussion dans un très grand nombre de circonscriptions »...
Combien de divisions ?
En fait les communistes sont complètement divisés. Certains soutiennent Mélenchon sans l’aimer... mais pour éviter au PCF un résultat désastreux. D’autres préféraient une candidature issue du parti soit par sectarisme soit pour pouvoir s’allier au PS pour les législatives, et font logiquement pression aujourd’hui pour un rapprochement avec le candidat issu de la primaire du PS. D’autres, écœurés, s’abstiendront, voteront blanc ou extrême gauche, en désespoir de cause...
La dernière réunion commune avec le PCF et le PG qui s’est tenue il y a deux semaines n’a pas donné grand chose, et aucune date n’a été fixée pour la prochaine réunion... En fait Mélenchon se sent assez fort pour enfoncer le PCF, surtout après avoir évité même de peu une candidature communiste à la présidentielle. Il lui reste maintenant à affronter le candidat de la gauche PS, Hamon, qui aura éventuellement le soutien d’EÉLV (mais ce soutien n’est pas encore gagné puisque EÉLV organise un vote interne sur un éventuel accord avec le PS)...
Face à toutes ces manœuvres politiciennes, la candidature de Philippe Poutou, le seul candidat ouvrier anticapitaliste, apparaît comme indispensable. Mais il reste encore des parrainages à trouver. Une de nos tâches essentielles dans les semaines qui viennent.
Alain Krivine