Le conseil national du PCF a tiré son bilan des élections régionales. Le défi de marier une alternative à gauche avec la cogestion avec le PS des exécutifs régionaux reste entier.Les résultats des régionales ont été décevants pour l’ensemble des formations qui se considèrent à la gauche du PS. On en discute au NPA mais aussi au PCF. Après les illusions antérieures sur la « dynamique du Front de gauche » et la possibilité d’« un score à deux chiffres », les résultats sont là : à peu près les mêmes qu’aux régionales de 2004 (là où le PCF n’était pas avec le PS) et qu’aux européennes. Le seul intérêt de l’unité avec le Parti de gauche et d’autres petites organisations est d’avoir freiné la chute continue du PCF et… d’avoir projeté sur la scène médiatique Jean-Luc Mélenchon aux dépens de Marie-George Buffet. Quant au sauvetage des élus sortants, c’est un recul considérable puisque seulement 95 élus sont conservés sur les 178 sortants. Dans son rapport, Pierre Laurent est franc : « Nous ne pouvons banaliser cette perte d’élus. Ce n’est pas à nos yeux le prix à payer pour notre stratégie. […] Cela marque une des limites du rassemblement que nous avons pour le moment réussi à construire. » Quels que soient ses débats, la stratégie du PCF reste celle d’un rassemblement majoritaire de toute la gauche pour gouverner les régions comme le pays car il ajoute : « Je veux redire ici que notre ambition politique est clairement la constitution de majorités politiques de gauche autour de projets réellement transformateurs. » Nous avons pensé que, pour réaliser cela, la direction du PCF allait faire des listes communes avec le PS dès le premier tour. Dans les faits, le ralliement aura lieu mais uniquement au second tour avec d’ailleurs tout bénéfice pour le PS. Ce retard est dû aussi bien à l’existence du NPA qu’à la pression du PG et des militants PCF de plus en plus hostiles à la politique du PS. Aujourd’hui, dans la quasi-totalité des régions où il a des élus, à l’exception du Nord-Pas-de-Calais et du Limousin, le PCF cogère les exécutifs dans le cadre de la « gauche solidaire ».Ainsi les clarifications à gauche s’opèrent plus vite que prévu. La direction du PCF qui avait pris soin de virer de ses listes la plupart des Refondateurs est confrontée à Mélenchon qui, sans rompre l’alliance, cherche en refusant de participer aux exécutifs, des alliés sur sa gauche pour favoriser sa candidature à la présidentielle. Le PCF, très hostile, hésite entre une candidature qui serait marginale ou un ralliement à une candidature unique de la gauche face à Sarkozy qui lui permettrait d’éviter de se compter. Pour compléter le tableau, la plupart des « Communistes unitaires » de la région parisienne viennent de décider de quitter le PCF, certains pour rejoindre la Fase dont ils étaient déjà plus ou moins membres. Parmi eux, beaucoup d’élus ou d’anciens comme Patrick Braouezec, Pierre Zarka, Francois Asensi, Pierre Mansat, Roger Martelli… Ils reconnaissent l’échec de leur travail d’opposition interne mené pendant des années et dénoncent, à juste titre, le sectarisme d’un appareil bureaucratique. Pour eux, ce parti est fini et ne peut plus jouer de rôle dans la construction d’une force unitaire anticapitaliste, d’une « gauche de gauche unie » qui n’existe pas et qui devrait trouver d’autres formes qu’un parti classique. Ils en appellent au débat avec les militants unitaires et anticapitalistes, du PCF, du PS, du NPA et d’Europe Écologie. Mais, pour le moment, il ne se prononcent pas sur les problèmes de fond (programme, stratégie, rapport aux institutions, etc.). Des clarifications souhaitables et nécessaires. Alain Krivine