Publié le Jeudi 22 mars 2012 à 17h24.

Philippe Poutou, ouvrier candidat

Après de longs mois de mobilisation militante, les parrainages obtenus par Philippe Poutou, vont permettre qu’une voix anticapitaliste résonne dans la campagne pour l’élection présidentielle. Des mois sur les routes, un effort gigantesque, mais ça y est : nous avons réussi notre premier tour et décroché 573 signatures.

Au milieu d’une cohorte de politiciens professionnels, il y aura un ouvrier candidat, qui saura de quoi il parle, la crise, mais aussi l’expérience de la lutte contre les diktats d’une multinationale.

Il se fera le porte-voix de la colère des classes populaires. Il pourra aussi, même si on connaît les limites de la « démocratie médiatique », défendre une politique, la réponse anticapitaliste à la crise actuelle.

Cinq semaines de campagne s’ouvrent devant nous. Or le moins qu’on puisse dire, c’est que notre présence dans cette campagne est décidément indispensable !Elle prend un tour de plus en plus choquant et révoltant. Le président des riches se grime en candidat du « peuple », mais pour lui, cela signifie… faire la course avec l’extrême droite : il y aurait « trop d’immigrés en France », réélu il diviserait par deux l’immigration légale… Et de reprendre sa sale rengaine « trop de social tue la France ». Voilà le programme de la droite : discriminer et diviser pour mieux casser les droits sociaux et les salaires. En face ? Le PS se garde bien de remettre en cause la politique anti-immigrés actuelle, fidèle non à des principes (elle n’en a plus depuis longtemps) mais à tous ses renoncements passés. Sur les salaires ? Sur les licenciements et le chômage ? Hollande n’a rien de clair à dire. Hallucinant ! Notre campagne : anticapitaliste, écologiste, féministe, internationaliste Philippe pourra au contraire faire entendre une voix internationaliste et proposer une réponse radicale à la crise. En mettant l’accent sur quatre axes urgents aujourd’hui : un bouclier social (avec l’interdiction des licenciements, une augmentation de 300 euros net pour tous, le partage du temps de travail à 32 heures par semaine, pour travailler tous) ; une fiscalité anticapitaliste et l’annulation de la dette ; la saisie des banques et la création d’un service public financier unifié ; la sortie du nucléaire en dix ans et le début d’une profonde révolution écologique. Tout cela est possible si on impose une autre répartition des richesses et si on remet en cause la toute-puissance des capitalistes sur l’économie.

Décalé notre programme ? Au contraire, il est nécessaire, face à la violence terrible de la crise. Il peut surtout être en résonance avec la colère de millions de gens qui aujourd’hui ne comprennent pas pourquoi ils devraient subir l’austérité, alors que les responsables de la crise, « le monde de la finance » comme dirait l’autre, banquiers, rentiers, patrons et riches en général, n’en souffrent pas et continuent au contraire de s’enrichir. Même Sarkozy et Hollande le sentent bien, quand ils évoquent (pour les vider de leur substance aussitôt) des taxes sur les grandes entreprises et les évadés fiscaux, ou une tranche d’impôt sur le revenu à 75 %... À nous de marteler : c’est aux capitalistes de payer leurs crises !

La révolte de notre camp social pourrait s’inviter dans la campagne électorale, à l’image des sidérurgistes de Florange, qui ont fait leur descente la semaine dernière au QG électoral de Sarkozy, et se sont heurtés à un mur de CRS. C’est de là que viendra la solution.

Nous voulons proposer des perspectives, des réponses politiques concrètes et non des illusions comme « changer la gauche » ou « la révolution par les urnes » qui conduisent aux déceptions et à la démoralisation. Cette campagne doit permettre de voter pour dégager Sarkozy, sans se faire d’illusions sur un éventuel gouvernement socialiste. Elle doit permettre aussi de préparer toute la période qui va suivre, en popularisant nos idées, en dénonçant la dictature du profit sur la société et nos vies, mais aussi en rendant possibles, avec tous les militants de la gauche sociale et politique dont nous partageons la révolte, les combats unitaires qui seront nécessaires. Nous voulons contribuer à la convergence des luttes, pour résister dans l’unité aux licenciements et aux politiques d’austérité de gauche comme de droite. Nous voulons aider à l’émergence d’une alternative au social libéralisme et ses alliés, en travaillant inlassablement au rassemblement des anticapitalistes.

Ainsi, en bousculant le jeu institutionnel, notre campagne sera utile à notre camp social. Elle est pour chacune et chacun un instrument pour préparer dés maintenant l’après-2012.

Yann Cézard