Publié le Mercredi 3 mai 2023 à 16h00.

Propagande : Marianne perd le nord, Schiappa chouchoute ses amis

Mi-avril, alors que la secrétaire d’État chargé de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, Marlène Schiappa, faisait augmenter les ventes de Playboy, une affaire sortait ! Tristement peu surprenante de la part d’un gouvernement dont l’amateurisme n’a d’égale que son arrogance.

En 2021, Marlène Schiappa, alors ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, lance en grande pompe le fonds Marianne, à la suite de l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, dans les circonstances que l’on sait. Ce fonds est destiné à financer des associations citoyennes et est doté de 2,5 ­millions d’euros.

Les valeurs de la république… macronienne

Au total 17 associations vont alors toucher des subventions pour promouvoir la citoyenneté et « les valeurs de la République ». Sous couvert de lutte contre le séparatisme, certaines d’entre elles ont promu des contenus politiques pendant une campagne électorale, comme l’a révélé Mediapart le 12 avril dernier. Premier épisode médiatique de l’affaire.

Deux associations sont au cœur de la polémique : l’USEPPM (l’Union des sociétés de l’éducation physique et de préparation militaire) de Mohamed Sifaoui et Reconstruire le commun qui ont reçu respectivement 355 000 euros et 330 000 euros. Toutes les deux ont en commun de partager avec Marlène Schiappa et Christian Gravel, qui a conduit la sélection des associations au titre du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), la même opposition à l’Observatoire de la laïcité (dissous en juin 2021).

Pour la première association, le travail effectué est mis en cause ainsi que ses compétences. Pour la seconde, la nature de l’association, tout juste créée au moment de la création du fonds, comme ses productions à caractère politique en défense du gouvernement, est pointé du doigt. L’un de ses animateurs est l’ancien responsable des Jeunes avec Macron en 2017, quand un autre a été pris en flagrant délit en train de taguer le mur d’enceinte de la mosquée de Pantin en 2020 avec les mots « Mosquée de tueurs de profs », « Justice pour Samuel Paty » et « Je suis Charlie ».

Téléguidage ministériel

Et, l’affaire ne s’arrête pas là. Trois collaborateurs de Marlène Schiappa au ministère ont participé à la sélection des associations : son conseiller chargé de la « prévention de la délinquance » et « des politiques de citoyenneté », John Benmussa, celui travaillant sur la « prévention des atteintes à la citoyenneté », Benoît Pierre, mais aussi le préfet Sébastien Jallet, alors directeur de cabinet. Enfin, l’USEPPM affirme avoir été directement démarchée par le cabinet de Marlène Schiappa pour candidater au fonds Marianne.

Dernier épisode en date, le président de la commission des finances du Sénat a demandé le 24 avril l’ouverture d’une enquête parlementaire. Les documents transmis par le ministère de l’Intérieur ont confirmé les révélations de la presse.

Les présomptions sont fortes, donc. L’enquête dira si des fonds publics ont servi à financer quelques-uns des amis de Macron, Schiappa, leurs amis et leur propagande, sur fond d’instrumentalisation d’un terrible crime. La morale (s’il y en a une), c’est qu’une fois de plus, ce gouvernement est illégitime, n’a aucune leçon à donner à personne. Qu’ils et elles s’en aillent tous !