Réuni le week-end dernier, le conseil national extraordinaire du Parti socialiste a acté le calendrier du prochain congrès : contributions programmatiques avant le 7 février, dépôt des motions qui permettent l’élection du premier secrétaire le 11 avril, vote des militantEs sur ces motions le 21 mai et élection du premier secrétaire le 28 mai, pour un congrès à Poitiers du 5 au 7 juin... Tout ça pour quoi ?
Les chamailleries tacticiennes ont commencé dès le choix de la date du congrès : les statuts indiquent que celui-ci doit se tenir à mi-mandat de la présidentielle, ce qui signifiait fin 2014. Mais le président de la République et son Premier ministre en déroute souhaitaient le report le plus tard possible afin de limiter les dégâts : plus proche des présidentielles de 2017, cela permettait de jouer à fond la carte de l’unité des socialistes face à une échéance que Hollande risque bien de rater. Avec 72 % de sondés qui ne souhaitent pas qu’il soit candidat en 2017, il aura bien besoin du soutien de sa « famille » socialiste. Les députés « frondeurs » voulaient, eux, aller plus vite. Cambadélis, homme de synthèse, a finalement tranché : ce sera juin 2015.Sur le fond politique, la nouvelle « identité socialiste » repose sur quelques slogans nouveaux – éco-socialisme et alter-Europe – mais aussi sur la modernisation organisationnelle du parti. C’est sur ce point que le premier secrétaire a été le plus prolixe pendant le conseil national : il s’agit de faciliter l’adhésion, obtenir la transparence des finances... et ainsi créer un parti de masse.Alors que seulement 60 000 adhérentEs, sur les 150 000 déclaréEs, sont à jour de leurs cotisations, que 25 000 ont rendu leur carte en deux ans, le premier secrétaire annonce, comme Sarkozy pour l’UMP d’ailleurs, qu’il vise un parti de 500 000 adhérentEs pour 2017. Cela passe par la formation des cadres, une meilleure communication des idées, comme par exemple « une minute d’info PS dans un studio TV chaque soir sur un sujet d’actualité »...
La débâcle annoncée...Pour les élections départementales et régionales de 2015, c’est la « politique du compromis » qui est proposée, « compromis » entre socialistes et communistes et entre socialistes et écologistes. « Sinon le PS peut mourir » affirme Julien Dray...Effectivement, ce conseil national reflète l’image d’un parti en pleine débâcle. Rejeté par son électorat traditionnel, il perd élection sur élection depuis deux ans. Laminé par les affaires financières sordides, en perte de ressources, il envisage de réduire sérieusement la voilure en terme de personnels. Sur le fond, il paie à juste titre la politique qu’il conduit au gouvernement : patronale en matière économique, écologique et sociale ; réactionnaire par la répression contre les mouvements sociaux, les législations sécuritaires et les violences policières. Une politique en faveur de la riche minorité, contre la majorité des salariéEs, des jeunes et des précaires.Aubry et ses amis ou les « frondeurs » prétendent défendre un autre choix de société, une autre stratégie. Ils mènent parfois des batailles – essentiellement médiatiques – contre des aspects de la loi Macron, comme l’augmentation du nombre de dimanches travaillés... Mais quand ils sont à l’Assemblée nationale, ils votent quand même le budget rectificatif 2014 qui, par exemple, autorise l’exonération d’impôts sur les événements sportifs internationaux ! C’est bien sur leurs actes qu’ils doivent être jugés.
Roseline Vachetta