Publié le Vendredi 10 juin 2011 à 13h25.

PS : un projet…mais pour quel candidat ?

Le projet du PS pour 2012 vient d’être adopté par les militants. Il s’agit de 30 propositions dont le contenu ne devrait pas faire de mal au néolibéralisme.

Dans la longue marche du Parti socialiste vers le pouvoir, l’adoption du « projet socialiste pour 2012 » constituait une étape importante. Le vote des militants et la réunion nationale pour le projet qui s’est tenue ce dernier week-end de mai venaient conclure un cycle – qui aura duré plus d’un an – de forums thématiques ainsi que de quatre conventions plus globales dont les deux principales avaient porté sur le « nouveau modèle de développement économique, social et écologique » ou encore sur « l’égalité réelle ». Cette procédure était censée permettre aux socialistes d’actualiser leur doctrine et de fixer leur programme… avant de passer à la suite. 

Paradoxalement, le traumatisme consécutif à l’élimination de Dominique Strauss-Kahn – dans les conditions que l’on sait – a doté le projet socialiste d’un score particulièrement flatteur et totalement inespéré lors du lancement de cette mécanique par Martine Aubry. À la base, avec une participation au vote de 50 %, les militants l’ont ratifié à 95 % et c’est à l’unanimité que la convention nationale vient de l’adopter. Le projet inclut de larges plages d’analyse de la situation économique, politique et sociale. Mais, surtout, il se décline en « 30 propositions » : dix-huit concernent « le nouveau modèle de développement », six « l’égalité réelle » et six « la promesse républicaine ». On peut y voir un hommage à la méthode, utilisée avec quelque succès, par François Mitterrand, il y a juste 30 ans. Encore faudrait-il préciser que le candidat Mitterrand, avec ses 110 propositions, était nettement plus ambitieux ! Pas seulement par le nombre de propositions, mais aussi par leur contenu…

De fait, les dirigeants socialistes qui ont conduit le travail d’élaboration du projet ont été soumis à deux contraintes contradictoires. D’une part, il leur fallait surfer sur les aspirations d’une partie de l’électorat socialiste  qui réclamait un discours de combat contre la droite et les privilégiés. D’autre part, il leur fallait bien construire un programme qui n’apparaisse pas trop incongru ou en décalage avec le profil des candidats possibles. À commencer par celui qui était jusqu’à récemment le favori des sondages, DSK. Comme on pouvait s’y attendre, le résultat fait la part belle à cette dernière préoccupation… FMI compatibleCertaines mesures proposées résonnent comme des mesures sociales, « de gauche » : taxation européenne des transactions financières, modulation de l’impôt sur les bénéfices selon que les entreprises réinvestissent ou distribuent des dividendes, emplois jeunes, développement des économies d’énergie et des énergies renouvelables, retour de l’âge légal de la retraite à 60 ans, etc. Mais, dans leur formulation, la plupart restent vagues et ambiguës. Par exemple, les socialistes se proposent de rétablir l’âge légal de la retraite à 60 ans. Mais cela restera formel, puisqu’ils ne projettent absolument pas de remettre en cause le nombre d’annuités nécessaires pour une retraite décente. Le PS propose de « sortir de la dépendance du nucléaire et du pétrole ». Mais, nuance, pas du tout de sortir du nucléaire… Concernant le pouvoir d’achat, le PS s’interdit toute ingérence dans la gestion des entreprises privées. Il se contente de promettre l’organisation d’une « conférence annuelle tripartite sur les salaires », sans garantie sur son issue. Et sa proposition de réduire l’écart des rémunérations de 1 à 20 ne concerne que les entreprises « à participation publique ». Rien, on le voit, qui ne soit finalement compatible avec le néolibéralisme en vogue au FMI…

D’ailleurs, dans quelle mesure le projet socialiste engage-t-il vraiment le futur candidat ? Avant de se rallier au projet dans un grand mouvement d’unanimisme, plusieurs prétendants – dont François Hollande – l’avaient critiqué au nom du « réalisme » et de la volonté de ne pas « trop promettre ». Et puis, comme l’avait indiqué Pierre Moscovici, ce n’est jamais qu’une « boîte à outils ». Autant dire que le candidat disposera d’une assez grande liberté d’interprétation…

François Coustal