Publié le Mercredi 20 décembre 2023 à 11h15.

Quand Macron, Darmanin et LR ouvrent la voie au RN… Résistance !

Le projet de loi « le plus régressif depuis quarante ans »... C’est ainsi qu’une cinquantaine d’associations, syndicats et ONG, dont la Ligue des droits de l’homme, ont qualifié lundi dans un communiqué commun le monstre de Frankenstein raciste sorti des travaux de la CMP (commission mixte paritaire), et porté sur les fonts baptismaux par l’extrême droite.

Ce lundi 18 décembre, journée internationale des migrantEs, ont eu lieu à Paris et dans beaucoup de villes des manifestations pour exiger le rejet de la loi Darmanin. Il y en avait déjà eu aussi le samedi 16. Ces mobilisations ont fait entendre la voix des sans-­papiers, des immigréEs, des associations, syndicats et partis. De toutes celles et ceux qui rejettent le racisme, et sont solidaires des migrantEs en s’opposant à un projet de loi, déjà répressif dans sa première version, mais encore plus brutal après les amendements du Sénat et les marchandages des macronistes avec LR.

Passage en force autoritaire

Des manifestations antiracistes de ces derniers jours, les médias ont très peu parlé. Par contre, ceux-ci n’ont pas manqué de relater heure par heure, minute par minute, le mauvais théâtre de la CMP. Une fois de plus, nous avons eu droit à un véritable défilé sur les ondes et les écrans des macronistes, LR et RN déversant leurs discours racistes, xénophobes et mensongers. On les a entendu répéter que cette loi serait la volonté du « peuple français », en s’appuyant sur les sondages. Mais il y a quelques mois, ce même gouvernement n’avait pas été aussi soucieux de la volonté populaire, en ignorant les centaines de milliers de personnes, grévistes et manifestantEs, qui ont crié pendant des mois dans la rue leur rejet de la contre-réforme des retraites. Ce même pouvoir qui invoque aujourd’hui la démocratie alors qu’ils empilent les 49-3 pour passer en force. 

Ce sont bien les mêmes qui ces derniers jours ont utilisé tous les subterfuges permis par leurs institutions antidémocratiques pour imposer leur offensive d’ampleur contre les immigréEs : le passage de la loi au Sénat en premier, puis, à la suite du rejet préalable à l’Assemblée, le recours à cette Commission mixte paritaire composée de 14 membres (7 sénateurEs et 7 députéEs), délibérant à huis clos, et décidant à eux seuls du contenu d’une loi qui met en jeu la vie de milliers de gens ! 

Marchandages nauséabonds

Élisabeth Borne est venue mardi matin devant les députéEs macronistes pour présenter son compromis avec LR conditionnant l’accès à l’APL à cinq ans de présence sur le territoire pour les étrangerEs qui ne travaillent pas, et à trois mois pour celleux qui travaillent… La CMP a également adopté une version restreinte de la mesure de régularisation pour les travailleurEs sans papiers dans les métiers en tension, le durcissement du regroupement familial, l’interdiction de placer des mineurEs dans les centres de rétention administrative, le rétablissement du délit de séjour irrégulier, la déchéance de nationalité pour les binationaux qui se seront rendus coupables d’un meurtre sur des personnes détentrices de l’autorité publique ou encore la mise en place d’une caution pour les étudiantEs étrangerEs venant en France. Et cerise sur le gâteau, l’Aide médicale d’État, au sujet de laquelle Darmanin, la main sur le cœur, jurait de tout son être que l’on n’y toucherait pas, sera discutée dans quelques semaines. La manœuvre est grossière. 

En plus d’être inhumaine, cette loi est raciste et discriminatoire, contraire à l’égalité des droits ! Conseillé par Macron qui pèse de tout son poids, le gouvernement Borne est donc prêt aujourd’hui à toutes les compromissions pour faire passer leur loi, prêt à céder aux exigences des LR qui ne sont ni plus ni moins que les positions initiales du RN. Quitte à ouvrir une crise politique majeure au sein même du camp présidentiel pour faire passer sa loi. Et tout cela pour le plus grand profit d’une extrême droite qui se réjouit de voir les unEs et les autres reprendre son orientation dégueulasse… tout en ne négociant rien avec le gouvernement pour faire mine de s’opposer à lui et susciter les faveurs des nombreux ­mécontents du ­macronisme.

En toute logique, l’extrême droite a voté le projet de loi au Parlement, et quoiqu’en dise la droite macroniste ou LR, c’est bien le RN qui a gagné.

Après la marche contre l’anti­sémitisme du dimanche 12 novembre qui a vu l’insertion de l’extrême droite dans le prétendu « arc républicain », l’alliance autour de cette loi des droites et de l’extrême droite sur les idées de celle-ci marque certainement un moment de bascule qui exige la résistance et l’unité de toutes les forces progressistes de notre camp social. L’extrême droite a contaminé durablement la droite et gagne des positions. Attention danger !