À quelques semaines des élections régionales, face à la dispersion de la « gauche » et à sa défaite annoncée, Cambadélis, le secrétaire national du PS, a trouvé LA solution : un référendum « pour l’unité dès le premier tour ». Une triste manœuvre qui sur le fond ne changera pas grand-chose..
Les prochaines élections régionales se dérouleront dans un peu plus de deux mois. D’ores et déjà, elles s’annoncent désastreuses pour le PS. Et malgré de nombreuses tentatives, contrairement à la droite (toutefois plombée par le FN), le PS n’a pas réussi à « rassembler » autour de lui les autres forces de gauche avec qui il est souvent « en gestion » : écologistes, PCF...
Pour tenter de résister à cette claque prévisible, Cambadélis a donc annoncé le samedi 19 septembre son intention d’organiser un référendum pour s’adresser « directement » au « peuple de gauche » et « dépasser les partis tels qu’ils sont aujourd’hui », afin de lui demander s’il est favorable à l’union entre le PS et les autres partis de gauche aux régionales de décembre prochain. Ce référendum autoproclamé « pour l’unité de la gauche » aura lieu du 16 au 18 octobre, avec pour objectif annoncé de « mettre un terme à la spirale de division, au cercle vicieux de la fragmentation… » Et d’empêcher la droite et l’extrême droite de gagner les prochaines élections. Concrètement ce référendum aura lieu sur les marchés et par internet.
À l’annonce de ce référendum surprise, les réactions ne se sont pas fait attendre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’idée ne fait pas beaucoup d’adeptes à l’extérieur... tout comme à l’intérieur du PS. Pour Pierre Laurent, c’est une « petite opération politicienne ». Gérer avec le PS oui, mais que cela ne se voit pas trop non plus... Emmanuelle Cosse s’étonne « qu’on veuille gommer l’étape du premier tour ». Et au second, il faut s’effacer devant la gestion social-libérale ? Mélenchon a fustigé « le pistolet sur la tempe Front national pour nous faire faire n’importe quoi. Il y en a marre ! ». Oui mais encore ?
En interne, ce n’est pas non plus l’enthousiasme, en particulier à « l’aile gauche » dont beaucoup ont déjà indiqué qu’ils ne participeraient pas à cette mascarade. Certains comme Jérôme Guedj estime qu’« il ne peut y avoir d’unité de la gauche sans rassemblement sur le fond ». Sans préciser lequel...
La faute aux autres ?
Sous prétexte de combattre le FN et la droite et pour tenter au passage de sauver ses conseillers régionaux (à défaut de ses régions), le PS demande à tout prix à la gauche institutionnelle de s’aligner… derrière lui. Et si cela ne se fait, la défaite sera donc due aux diviseurs. Malheur à eux ! Im-pa-ra-ble... et vieux comme le monde.
Pour Cambadélis, s’appuyant certainement sur la cogestion de la grande majorité des régions avec EÉLV et le PCF, la division n’est pas une question de fond mais seulement de tactique politicienne... Certains voudraient voler le leadership au PS. Selon lui, « Les Verts et le Parti de gauche (...) ne visent pas à gagner pour gérer la région, promouvoir l’écologie, voire assurer la défaite du Front national, mais à ériger sur la défaite de la gauche un nouveau pôle de radicalité ». On remarquera que les camarades du PCF sont épargnés par cette critique de haute volée... Et pas un mot sur la politique menée depuis plus de trois ans.
Rien sur l’incapacité de ce gouvernement à inverser la courbe du chômage,sur les milliards offerts sur un plateau au patronat, sur la loi Macron, la réforme contre le code du travail… Plutôt que sa lamentable manœuvre, que Cambadélis interroge donc « le peuple de gauche » sur ces questions...
Sandra Demarcq