Mercredi 17 mai, à Angoulême, était organisée la première action publique du collectif antifasciste local. L’objectif de ce collectif est de dénoncer les agissements de l’extrême droite, mais aussi d’informer la population ou encore de se prévenir mutuellement de risques fascistes.
Avec la séquence ouverte le 19 janvier pour s’opposer à l’injuste contre-réforme des retraites de Macron, la lutte des classes est revenue au premier plan. Des millions de personnes ont fait grève, manifesté, bloqué, occupé des lieux symboliques. Et cela continue aujourd’hui. Le combat écologiste contre les mégabassines, particulièrement intense dans les départements du Poitou-Charentes, a également permis de franchir un cap dans l’affrontement avec la bourgeoisie et le pouvoir politique. C’est ainsi que dans notre région, nous nous retrouvons au cœur de luttes dont les enjeux ont un caractère national voire mondial. Cette poussée « à gauche » conduit à un double phénomène : une accentuation de la répression policière, mais aussi une montée inquiétante de l’extrême droite et particulièrement de groupuscules néo-nazis et néo-fascistes, jouant un rôle embryonnaire de « milices ».
Dénoncer la venue de Dieudonné
Concrètement, le 17 mai il s’agissait pour cette fois d’afficher des messages dans la ville, par collages et slogans, afin de dénoncer la venue de Dieudonné, militant antisémite se cachant derrière des « spectacles » pour distiller ses discours racistes. De façon générale, il s’agissait de dénoncer les différentes apparitions de fascistes, confusionnistes, complotistes qui pullulent dans notre région ces derniers temps. Le collectif est obligé de le faire parce que rien n’est fait pour empêcher les fachos d’agir. Au contraire, le ministre Darmanin – qui a chroniqué dans le journal de l’Action française dans sa jeunesse et trouve Le Pen trop molle ou la Première ministre italienne d’extrême droite pas assez ferme sur la politique migratoire – donne des ailes aux fascistes qui se voient légitimes pour agir toujours plus librement. Et lorsque cela va trop loin – c’est-à-dire quand des manifestations ouvertement nazies sont organisées à Paris – le gouvernement assimile « les extrêmes », mettant ainsi dans le même sac des militantEs féministes, LGBTI, antiracistes, avec toutes les raclures racistes, LBGTIphobes et sexistes.
Le mercredi 17 au soir, deux groupes de militantEs sont allés faire ce travail d’information, mais 4 d’entre elleux ont été arrêtés et placés en garde à vue pendant environ 18 heures car iels collaient et taguaient.
Gardes à vue et volonté de briser les militantEs
Notons qu’un militant a aussi été placé en garde à vue à Angoulême le 24 avril pour un jet de pétard. À Poitiers, 4 militantEs ont été placé en garde à vue le 22 avril pour avoir participé à une manifestation… Toujours à Poitiers, un militant s’est retrouvé en prison. Il avait d’abord été placé en GAV – pour rébellion et outrage – à la suite d’une manifestation de soutien à Serge, le camarade blessé à Sainte-Soline. Il a été interpelé le 16 mai et emprisonné à Vivonne jusqu’à sa comparution immédiate (qui avait lieu ce vendredi). On le voit bien, donc, il y a une volonté de briser les militantEs. Les faits reprochés ne justifient quasiment jamais une garde à vue. La grande majorité des personnes arrêtées l’ont été pour la première fois. Il s’agit de faire peur, de dissuader, de faire croire que nos actions sont illégitimes.
Force anticapitaliste
Face à cela il faut une double réponse : une solidarité, la plus large possible, pour dénoncer les violences policières mais plus globalement les violences qui découlent du capitalisme dès que les luttes se développent (police, extrême droite, atteintes aux libertés démocratiques…), mais aussi s’acharner à construire une alternative politique anticapitaliste. L’une des faiblesses du mouvement en cours réside justement dans l’absence de perspective concrète. Si la Nupes ou Mélenchon ont pu, lors de la présidentielle (et alors qu’il n’y avait pas de luttes de masse) incarner une alternance à la macronie et au RN, il apparaît évident, en revanche, que ces structures ne constituent pas une alternative dans une logique révolutionnaire. Néanmoins, de très nombreux/ses militantEs, sympathisantEs, de la Nupes, du NPA, des différents groupes libertaires ou anarchistes, des différentes luttes spécifiques (mégabassines, contre les projets inutiles, féministes, antiracistes, internationalistes, etc.), représentent – avec des sensibilités différentes – les courants, les bribes, de ce qui pourrait être une nouvelle organisation révolutionnaire. Il est temps, face à l’urgence, de s’atteler à ces tâches pour nous donner les moyens qu’advienne un monde meilleur.