Publié le Mercredi 15 mai 2019 à 12h01.

Répression : solidarité avec les lycéenEs de Mantes-la-Jolie !

Les images avaient fait le tour du web, avant d’être diffusées dans les grands médias. Des dizaines de lycéens agenouillés, les mains sur la tête ou attachées dans le dos, et ce commentaire d’un policier : « Voilà une classe qui se tient sage ». Une scène d’humiliation, tournée le 6 décembre à Mantes-la-Jolie, après l’interpellation de 151 lycéenEs, en pleine mobilisation contre Parcoursup et la réforme du bac. Une quarantaine de familles ont, depuis, porté plainte, et les premières auditions à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont débuté. 

Le degré de répression inouï contre le mouvement des Gilets jaunes avait fait oublier à certains la violence de l’humiliation des lycéenEs de Mantes-la-Jolie. Mais le début des auditions des jeunes par l’IGPN, le 13 mai, est l’occasion de remettre ce scandale sur le devant de la scène. 

« La vidéo est atroce, mais ça ne s’arrête pas là »

Car ce qui s’est passé ce jeudi de décembre à Mantes-la-Jolie est rien moins qu’un scandale, une spectaculaire expression de la violence des pratiques policières dans les quartiers populaires, doublée d’une volonté de briser toute velléité de mobilisation lycéenne à l’heure où le gouvernement, quelques jours après les scènes d’émeute sur les Champs-Élysées le 1er décembre, était pris de panique. Le 6 décembre, les lycéenEs de Mantes ont subi la violence et les outrages de flics qui se croient tout permis, à raison, de leur point de vue, tant ils ont carte blanche de la part de leur hiérarchie. 

Des lycéenEs humiliés et violentés dans la rue, mais aussi au commissariat, comme l’a rapporté aux Inrocks l’une des parents d’élèves mobilisés : « La vidéo est atroce, mais ça ne s’arrête pas là. Ensuite, pendant leurs gardes à vue, des coups ont été portés, des insultes racistes proférées, et sexistes aussi, car il y a des filles qui ont été arrêtées. L’important c’est l’aspect humain. Il y a un traumatisme sérieux. Ils n’ont pas découvert les violences policières, mais ils ont subi une tentative d’humiliation collective. C’est tout un quartier qu’on a agenouillé. » 

Une scène devenue symbole

On se souvient que, dans les jours et les semaines qui ont suivi, cette scène était devenue un symbole, « rejouée » par de nombreux manifestantEs aux quatre coins de la France, agenouilléEs pour exprimer leur solidarité. On se souvient aussi que du côté du pouvoir et de ses soutiens, on avait tenté de justifier l’injustifiable, comme un prélude à l’enchaînement, depuis décembre, de mensonges d’État et de déclarations de soutien aux flics coupables des pires exactions. Exemple parmi d’autres avec Castaner : « Les images sont dures mais il est important de les replacer dans un contexte. Ce ne sont pas des mouvements de lycéens mais des violences urbaines. »

Des plaintes ont été déposées pour « violences sur mineurs de moins de 15 ans », « actes de torture et de barbarie sur mineurs », « violation des libertés individuelles » et « diffusion illégale d’images de personnes ». La police et la justice ne sont bien sûr guère promptes à faire avancer les choses, contrairement à ce qui se passe lorsque ce sont des Gilets jaunes – ou des jeunes des quartiers – qu’il s’agit d’incriminer et de condamner. C’est pourquoi la solidarité avec les jeunes du Mantois doit continuer de s’exprimer, comme cela a déjà été le cas lors d’un meeting le 11 mai et d’un rassemblement le 13 mai, afin que la loi du silence ne s’impose pas une fois de plus.

Julien Salingue