Publié le Mercredi 6 novembre 2024 à 16h00.

Retailleau, le mensonge et la haine des quartiers populaires

Jeudi 31 octobre, le soir d’Halloween, une fusillade éclate devant un commerce dans un quartier populaire de Poitiers. Cinq mineurs sont blessés par balle, l’un d’entre eux, Anis, un adolescent de 15 ans, meurt deux jours plus tard des suites de ses blessures. Un suspect, lié au trafic de stupéfiants, est en fuite.

Dès le vendredi matin, Retailleau se précipite devant les caméras. Avec un aplomb digne de Sarkozy, Retailleau empile les mensonges et les insultes envers les habitantEs de quartiers populaires : il affirme que « 400 et 600 personnes » auraient pris à partie les policiers venus sur place (ce qui sera démenti). Reprenant les discours de haine vomis à longueur de journée sur CNews, il dénonce les « narco-racailles » (entendre les jeunes des quartiers populaires) et la « mexicanisation » de la France. Retailleau : un écho au Sarkozy de 2005 en visite au Val d’Argent à Argenteuil ? Lequel disait alors : « Vous en avez assez de cette bande de racaille ? On va vous en débarrasser ». 

En 2005 comme aujourd’hui, cet appel du pied ne doit rien au hasard. Mais le FN est devenu le RN et siège désormais à l’Assemblée nationale. Les propos de Retailleau confirment, s’il en était besoin, la lepenisation de la droite dite républicaine.

Retailleau, comme ses prédécesseurs, se sert des drames liés au trafic pour stigmatiser les quartiers populaires et ses habitantEs, en débitant une rhétorique sécuritaire et raciste pour, comme avec les polémiques islamophobes, détourner l’attention, diviser les travailleurEs et maintenir le système d’exploitation et d’oppression. 

C’est ce qui explique ses petites phrases répugnantes : « Ce rail de coke, ce joint, il a le goût des larmes, il a le goût du sang » et ses postures martiales : « On va briser l’écosystème de la drogue ».

Retailleau oublie sciemment deux choses : ce sont les habitantEs des quartiers populaires qui sont les premières victimes du trafic, et la « guerre à la drogue » est un échec partout dans le monde. 

Pourtant des alternatives existent, avec une dépénalisation de l’usage, comme au Portugal, en commençant par le cannabis, la vente sous contrôle de l’État — qui assèche le trafic — et des programmes de soin pour les usagerEs les plus fragiles. Pour cela, il faut sortir la politique des drogues des mains du ministère de l’Intérieur et mettre en place une véritable politique de santé publique sur cette question.