Publié le Mercredi 10 juin 2020 à 11h57.

À Saint-Étienne-du-Rouvray (76), une élue « vraiment à gauche » et anticapitaliste

C’est à huis clos que s’est tenu le conseil municipal d’installation de ses nouveaux membres dans cette commune de 30 000 habitantEs de la banlieue de Rouen, où la majorité sortante PC-PS-EÉLV a été réélue dès le 1er tour le 15 mars dernier.Notre camarade Noura Hamiche, postière et militante syndicaliste, qui menait la liste « Saint-Étienne Vraiment à gauche, pour un monde meilleur », soutenue par le NPA, est désormais seule élue, après un premier mandat exercé au côté de Philippe Brière, cheminot à la retraite. Avec un peu plus de 7 % des voix, nous n’avons obtenu en effet qu’un seul siège au conseil municipal.

« Pas bon signe pour la démocratie municipale »

Contrairement à 2014, où notre liste (issue d’une lignée de listes d’extrême gauche qui a toujours fait le choix de se présenter depuis 1983 face à la majorité municipale PC-PS) avait obtenu plus de 15 % des voix et deux mandats d’élus, elle n’était pas la seule adversaire du maire sortant. Une liste de droite était cette fois présente, qui a obtenu 14 % des voix et deux élus. Mais le chiffre qu’il faudra surtout retenir c’est, à la veille du début du confinement que tout le monde voyait arriver, celui d’une abstention record pour des municipales dans la commune (près de 70 %), avec des pointes à 80 % dans les quartiers les plus populaires. Pour notre liste, qui avait pourtant fait une campagne très active et renouvelé une grosse moitié de ses membres par rapport à 2014, une fois la déception passée, il s’agit maintenant, de continuer le travail accompli depuis six ans et d’aider au mieux notre élue… Noura a démarré son deuxième mandat en déclarant : « Cette première réunion du conseil municipal se déroule dans un contexte inédit, de pandémie et de crise économique majeure. L’une a déjà causé plus de 28 000 morts dans notre pays, l’autre va sans aucun doute faire d’immenses ravages parmi de larges couches de la population, plongées dans la précarité, le chômage et la misère, encore bien plus qu’auparavant. Ce conseil se déroule à huis clos, ce n’est quand même pas bon signe pour la démocratie municipale, déjà bien mise à mal par les conditions sanitaires désastreuses et le taux record d’abstention du premier tour des élections de mars dernier. On nous a fait voter alors même que le virus circulait à fond, des élus et des maires en sont morts dans plusieurs communes du pays. Dans ce contexte particulier, anxiogène et destructeur, en tant qu’élue de la liste "Saint-Étienne vraiment à gauche, pour un monde meilleur", je défendrai plus que jamais les idées anticapitalistes et d’émancipation sociale. Je soutiendrai au sein du conseil municipal toutes les propositions qui seront en adéquation avec ces idées, en toute indépendance bien évidemment de la majorité municipale. C’est pour cette raison que je ne participerai pas aux votes de ce soir concernant la majorité municipale, c’est-à-dire celui de l’élection du maire, des adjoints, des indemnités de ceux-ci, des délégations au maire. Je me porterai par contre volontaire pour participer aux commissions de préparation du conseil, dans la mesure de mes moyens. » Puis elle a enchaîné en appelant à soutenir et rejoindre les mobilisations dans la santé du 16 juin, aux côtés notamment des personnels du Centre hospitalier psychiatrique du Rouvray, dont certains d’entre eux sont menacés de sanctions par leur direction en tant que lanceurs d’alerte au moment de la pénurie de masques en pleine épidémie. Car c’est bien là l’un des rôles majeurs des élus anticapitalistes : se faire les porte-voix des luttes des salariéEs et de la population !