Sarkozy a été contraint de revenir sur la scène politique à cause des difficultés financières de l’UMP suite à l’invalidation de ses comptes de campagne. Plus tôt qu’il ne l’aurait souhaité... mais au grand dam de ses rivaux.Sarkozy, le retour ? La presse s’est longuement interrogée sur cette question ces jours derniers. Après sa défaite cinglante de 2012, Sarkozy avait juré qu’il se retirait de la politique. Mensonge bien évidemment, mais indispensable pour préparer son retour en vue de l’élection présidentielle de 2017.La décision du Conseil constitutionnel qui a confirmé le 4 juillet dernier l’invalidation de ses comptes de campagne est venue contrarier son calendrier en plongeant l’UMP dans une grave crise financière. Non seulement Sarkozy avait dépensé pour sa campagne présidentielle, sur un budget total de 23 millions d’euros, 466 000 euros de plus que le plafond autorisé mais il avait cru pouvoir faire payer par l’État une partie de ses frais, engagés alors qu’il n’avait pas encore fait sa déclaration officielle de candidature. Sanction de cette fraude, Sarkozy a été contraint de payer quelques centaines de milliers d’euros au Trésor public, et surtout, l’UMP, déjà endettée à hauteur de 40 millions d’euros, ne touchera pas les 11 millions d’euros qu’elle pouvait attendre du remboursement des frais de campagne.
La meilleure défense... c'est la victimisation« Non seulement il a perdu, mais en plus, il laisse une UMP en charpie » aurait commenté selon les Echos un cadre de l’UMP. Un vrai fiasco que Sarkozy a tenté de retourner à son avantage en orchestrant une intervention qu’il ne pouvait pas ne pas faire de toute façon. Déclarations indignées de ses proches contre la décision du Conseil constitutionnel, « volonté d’asphyxier » Sarkozy pour Hortefeux, appel de Sarkozy lui-même au rassemblement pour sauver l’UMP, « l’opposition et la démocratie », lancement d’une souscription exceptionnelle et, enfin, après avoir écarté la possibilité d’une interview à un journal télévisé de 20 heures, le choix de participer à un bureau politique de l’UMP ce lundi 8 juillet.C’est ainsi que l’appareil dirigeant de l’UMP s’est retrouvé au grand complet à l’appel de Sarkozy et aucun de ses « amis » n’a pu s’y dérober, pas même Fillon ou Juppé qui avaient évoqué l’un et l’autre la possibilité de ne pas s’y rendre.Sarkozy a donc clairement et publiquement annoncé son retour sur la scène politique en lançant à ses comparses de l’UMP : « Le jour où je reprendrai la parole, ce sera pour parler aux Français de la France. Ce ne sera pas pour parler de moi, pas pour parler de nous. »Sa véritable rentrée en vue de la présidentielle de 2017, il est probable au vu des rapports de forces qu’il la fera en posant au Bonaparte, le petit, combinant un populisme de droite extrême pour siphonner les voix du FN avec une profession de foi européenne. « La grille de lecture gauche contre droite est démodée », a-t-il dit lundi... au moment le FN vient de sortir une affiche « Ni droite ni gauche, Front national ».Sarkozy compte sur l’approfondissement du discrédit de Hollande et du PS et sur l’aggravation de la crise, d’où il espère émerger en homme providentiel, démagogue aussi dangereux qu’une Marine Le Pen. Mais il n’est pas dit qu’il réussisse à s’imposer, comme il l’a fait lundi, à ses rivaux de l’UMP qui ont dû refréner leurs sentiments de dépit hostile et alors que vont s’enchaîner les enquêtes et procès des affaires Tapie, Bettencourt, Karachi, et autres magouilles de son mandat de Président des riches.
Galia Trépère