Publié le Vendredi 6 avril 2012 à 10h42.

Sarkozy : le candidat contre le monde du travail

Pour la dernière ligne droite de la campagne présidentielle, Sarkozy affiche sa vraie nature : antiouvrière, antisyndicaliste. Après ses propos haineux en direction de la CGT sur les sidérurgistes de Florange : « Que les syndicalistes défendent les syndiqués et ne fassent pas de politique et la CGT se portera mieux... Je dis aux vrais salariés de Florange, ceux qui travaillent, que je suis à leur disposition...», il a mis en garde : « Les gaz lacrymogènes, c’est jamais bien, mais je ne suis pas décidé à laisser casser quoi que soit. Ça vaut pour la CGT, pour les syndicalistes comme pour les politiques. » Deuxième assaut avec sa déclaration à la suite de la non-parution de Ouest-France : « J’ai un message pour les permanents de la CGT, qui ont scandaleusement empêché la diffusion de Ouest-France, qui avait commis un crime : prendre une interview que je leur ai donnée. Voilà la conception de la démocratie par les permanents de la CGT ». Et pour faire bon poids, au tour de la CFDT Arcelor Florange dont « les permanents trompent leurs adhérents en faisant de la politique au lieu de défendre l’intérêt des salariés ». Cette offensive a deux objectifs : donner des gages au patronat de la volonté de Sarkozy d’affronter les directions syndicales pour mettre en place la politique de rigueur, avec l’annonce des 115 milliards d’euros à dégager pour réduire le déficit des comptes de l’État ; regagner une part de l’électorat « populaire » en attaquant les « corps intermédiaires » qui seraient porteurs de l’immobilisme de la société française. 

Les syndicats sont une cible privilégiée avec la dénonciation des « permanents » et de la faiblesse des effectifs avec 8 % de syndiqués. La participation aux élections professionnelles souvent proche des 80 %, devrait plutôt donner envie aux responsables politiques, alors que, avec près de 20 000 licenciés par an, les salariés « protégés » (élus ou désignés dans les institutions représentatives du personnel) sont aux premières loges d’une répression patronale qui ne connaît pas de trêve électorale. Sarkozy et sa bande ne supportent pas qu’on ose leur résister, se révolter. Le bienfaiteur de Lejaby ou Photowatt sait que la poudre aux yeux électorale ne saurait cacher longtems les affrontements. Ceux d’Arcelor ont reçu le message et montrent la voie en répondant par la mobilisation. 

Robert Pelletier