Publié le Samedi 7 avril 2012 à 22h57.

Sarkozy-Le Pen : les deux revers de la médaille !

Sarkozy et Le Pen récupèrent les drames de Toulouse et Montauban à des fins électorales, rivalisant de propositions sécuritaires et xénophobes.À peine retombée l’émotion du drame de Toulouse, Sarkozy tente encore d’en tirer des gains électoraux. Le « candidat-président » dont la campagne ne décolle pas voudrait esquiver l’examen de son bilan social calamiteux en enfourchant deux thèmes supposés faire recette : le tout-sécuritaire et l’islamophobie. Après l’insupportable épisode d’une prétendue unité nationale auquel les partis institutionnels se sont complaisamment prêtés, l’ex-premier flic de France annonçait, à l’occasion d’une conférence de presse, une série de mesures stigmatisantes et liberticides : « Accélération des procédures d’expulsions pour motif d’ordre public », « vérification de toute personne représentant potentiellement un risque », « tous ceux qui ont tenu des propos infamants contre la France et contre les valeurs de la République ne seront pas autorisées à entrer dans notre pays », « toute personne se rendant à l’étranger pour y suivre des travaux d’endoctrinement idéologique conduisant au terrorisme sera poursuivie pénalement ».

Ce déferlement verbal augure des mesures, bien concrètes elles, que ne manquerait pas de prendre Nicolas Sarkozy si par malheur il était réélu. Elles signifieraient une chasse renforcée aux travailleurs sans papiers, une remise en cause du peu de procédures d’appel des décisions de reconduites aux frontières, un accroissement des pouvoirs d’une police, déjà largement encouragée par le gouvernement à la pratique systématique des contrôles au faciès, et une progression des violences policières. Le « contrôle » des personnes se rendant à l’étranger, outre l’attaque intolérable à un droit pour nous inaliénable, celui de circuler librement, ne vise qu’à désigner certains pays à la vindicte d’une opinion publique que l’on voudrait instrumentaliser dans un nouvel épisode d’un « choc des civilisations » comme l’avait fait Georges Bush après les attentats du 11 septembre 2001. Enfin, ce sont, comme dans certains pays totalitaires, les internautes qui sont la cible de la démagogie sécuritaire du chef de l’État qui voudrait instaurer un « délit de consultation habituelle » des visiteurs de sites supposés faire l’apologie de la violence et du terrorisme (sic).Dans un registre encore plus trash que Sarkozy, Marine Le Pen s’est à son tour empressée de profiter de l’occasion pour nous infliger des discours nauséabonds, sur les thèmes chers à l’extrême droite, que sont le racisme, la xénophobie et la surenchère répressive. Lâchant un amalgame odieux entre terrorisme et immigration, elle « s’interroge » sur le nombre « de Mohammed Merah dans les avions, les bateaux, qui chaque jour arrivent en France remplis d’immigrés... ». Elle voudrait faire « interdire les manifestations de soutien aux clandestins ». Plus fort que Sarkozy, « un voyage suspect en Afghanistan ou dans tout autre pays où on l’entraîne au terrorisme » serait sanctionné d’une reconduite immédiate à la frontière pour les étrangers. Quant aux ressortissants français jugés « suspects », ils se verraient infliger le port permanent d’un bracelet électronique, et des perquisitions régulières de leur habitation. Elle entend également, si elle était élue, faire voter « une loi de présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre ». Enfin, elle aimerait relancer (sans grand succès pour l’instant) un débat que l’on croyait rangé au fin fond du musée de l’obscurantisme, celui sur la peine de mort et de la perpétuité réelle. 

Si les discours de Le Pen et de Sarkozy ne sont pas encore tout à fait les mêmes, ils se ressemblent beaucoup. Ils devraient nous interpeller sur ce que serait la politique sécuritaire d’une droite au pouvoir devant composer avec un Front national stabilisant un électorat aux environs de 15 %.

Les discours antisyndicaux de Sarkozy et la permanente disponibilité des fascistes à s’attaquer au mouvement ouvrier organisé, dans un environnement qui est et restera marqué par l’aggravation de la crise et de la répression des classes populaires, nous donnent une responsabilité historique dans la reconstruction d’un mouvement antiraciste et antifasciste de masse. 

Alain Pojolat