Alors qu’il a du mal à convaincre en interne mais aussi à l’extérieur de son parti, pour relancer sa campagne, Sarkozy ne cesse de s’ultra-droitiser, poursuivant sa course derrière les thèmes fétiches de l’extrême droite. Ses dernières annonces sur la sécurité donne le ton...
Quoi qu’il dise ou qu’il fasse Sarkozy patine dans les sondages et est toujours au coude à coude avec Juppé. Alors, pour prouver qu’il est le meilleur candidat de la droite face au FN en vue des élections présidentielles de 2017, il réactive lors d’une journée de travail des Républicains son thème de prédilection, le sécuritaire, en lançant son « plan sécurité ».
Sarkozy a donc entonné l’éternelle rengaine de la droite en matière d’ordre et de sécurité : « Il n’y a plus d’autorité dans le pays. L’affaiblissement de l’État et de son autorité est une réalité ». Il entend donc « recentrer gendarmes et policiers sur leur cœur de métier », cela dans un « grand ministère de la sécurité publique » qui regrouperait également les douanes et l’administration pénitentiaire. Bien évidemment, comme tout candidat en campagne même pour de simples primaires, Sarkozy promet la main sur le cœur qu’ils seraient les seuls épargnés par la réduction des effectifs publics s’il était élu en 2017, oubliant au passage de rappeler que, sous son quinquennat, il avait supprimé plus de 13 000 postes dans ces différentes catégories de fonctionnaires.
Pour dégager les policiers de leurs fonctions « annexes », comme les tâches administratives, Sarkozy veut privatiser. Il propose ainsi que les contrôles de vitesse soient faits par le personnel d’autoroutes. Il entend également confier aux maires de nouveaux pouvoirs de police, pour par exemple permettre aux polices municipales qui seront évidemment armées comme à Béziers, des contrôles d’identité. Alors qu’il avait supprimé la police de proximité si chère au PS, il propose « des vigies de police » dans les quartiers les plus difficiles... Et comme il l’évoquait déjà en avril 2012, il annonce aussi une présomption d’innocence pour les policiers et les gendarmes...
Droit à la bavure
Mais ce n’est pas tout. En matière de « lutte contre le terrorisme », chaque Français partant faire le jihad aura le droit à de la prison ferme et la consultation d’un site « djihadiste » sera considérée comme un délit. Face à la « recrudescence » de la délinquance et surtout aux aménagements des peines qui laisseraient les « délinquants » dehors, il propose la construction de 20 000 places de prison supplémentaires. Cela sans parler de la réintroduction des peines plancher, la fin de l’examen de liberté conditionnelle avant l’exécution des deux tiers de la peine, et la comparution immédiate pour les mineurs de plus de 16 ans. Pas sûr qu’avec un tel programme destiné à remplir les prisons, les 20 000 places promises suffisent...
Depuis des mois, Sarkozy chasse donc sur les terres du FN. Que ce soit sur les questions « sociales », l’immigration ou la sécurité, il nous refait la campagne Buisson de 2012, proposant, par exemple, la présomption de légitime défense pour les flics et les gendarmes aboutissant sans aucun doute à une sorte de droit à la bavure. Il reprend ainsi une nouvelle fois une proposition de Marine Le Pen.
La droitisation à outrance de Sarkozy n’est pas sans risque pour ce dernier : il prend des risques à trop s’éloigner du centre-droit, voire du centre-gauche qu’il voudrait séduire, et en copiant Marine Le Pen, compte tenu de son déficit de crédibilité aux yeux de biens des électeurs des classes populaires tentés par le vote FN, Sarkozy les pousse, de fait, à préférer l’original à la copie.
Sandra Demarcq