Publié le Vendredi 16 mars 2012 à 10h10.

Sarkozy l’imposteur

Derrière le show, les attaques. Le rassemblement de Villepinte était le point d’orgue d’une semaine censée placer Sarkozy en pole position pour la présidentielle.Après avoir couru derrière Marine Le Pen pour tenter de capter son électorat, Sarkozy tente de se recentrer en concurrence avec… Bayrou. Ni droite ni gauche, le peuple de France et son président, les relents gaullistes assaisonnés à la sauce centriste, plus une forte dose de FN !

Il continue de se composer son nouveau personnage. De confidences en confidences, de mea culpa en autocritique, le cœur sur la main il voudrait convaincre que, sûr de sûr, il n’est plus le même. N’a-t-il pas maintenant trouvé une famille comme il le déclarait sans rire lors de l’émission Des paroles et des actes ? Et puis, sûr de sûr, s’il est battu, il abandonne la politique pour se reconvertir… Lui qui, pourtant, a « tout donné à la France »… Le tartuffe abuse de la démagogie la plus grossière. Il a remis ça, dimanche dernier à Villepinte, devant un public rassemblé à coups de millions d’euros, qui semblait plutôt être venu pour un match de foot au stade de France que pour un meeting politique…

Jean-Louis Borloo avait tenu à apporter sa petite note d’humour à cette mauvaise comédie en annonçant qu’il soutenait Sarkozy mais qu’il n’irait pas à Villepinte. Il a ainsi laissé Hervé Morin seul avec les deux autres ralliés Frédéric Nihous et Christine Boutin. Toute la famille était là, même Bernadette… « Non Nicolas, tu n’es pas tout seul ! », pouvait s’exclamer François Fillon. Puis ce fut le numéro du tartuffe, le président des riches, le président bling-bling devenu le président du peuple. « J’ai compris. J’ai compris que le président de la République devait assumer la dimension tragique de l’histoire. J’ai appris l’humilité. J’ai compris que les Français attendaient de moi autant une dimension d’engagement que de résultats. » Et de poursuivre, « J’ai appris la conviction que, pour les cinq années qui viennent, le président de la République devait rendre la parole au peuple. Je proposerai donc des référendums à chaque fois que quiconque essaierait de les empêcher de parler. » Comble de cynisme, « les vrais blocages ne viennent pas des Français, mais de certains corps intermédiaires qui craignent un monde nouveau qui viendrait affaiblir leur autorité ». Et, au passage, Sarkozy fait huer les syndicats avant de justifier, une fois encore, les attaques contre les retraites, faire l’éloge de sa propre détermination et vanter les accords compétitivité-emploi. Les immigrés, éternels boucs-émissairesMais le clou du discours est la charge contre les accords de Schengen. « L’Europe ne peut pas être la seule région du monde à si mal faire respecter ses frontières ». « Les accords de Schengen ne permettent plus de répondre à la situation. Ils doivent être révisés. Il faut un gouvernement politique de Schengen. Il faut pouvoir sanctionner, suspendre un État défaillant de Schengen. Il n’est pas question de devoir subir les insuffisances de contrôles aux frontières de l’Europe », pour menacer de suspendre « la participation de la France aux accords ».

Il prétend ainsi « réconcilier la France du oui et la France du non », car pour lui la France du non, c’est la droite extrême et l’extrême droite. Il leur propose un nationalisme combiné à un nationalisme européen, tout et son contraire avec comme seul fil conducteur la démagogie contre l’étranger, les immigrés, le racisme et la xénophobie. C’était aussi le sens des propos tenus la semaine dernière en direction des rapatriés et des harkis au moment même du cinquantième anniversaire des accords d’Évian et de la fin de la sale guerre d’Algérie. Dans la même veine du nationalisme européen, il propose un « Buy European Act sur le modèle du Buy American Act », un protectionnisme européen.

Mais la France du non, c’est d’abord celles et ceux qui ont refusé l’Europe de la concurrence libre et non faussée, le libéralisme contre les travailleurs et les peuples, une politique qui a conduit à la crise des déficits publics et de la dette. Celles et ceux qui veulent une autre Europe que celle de Sarkozy et Merkel, une Europe démocratique et solidaire, une Europe des travailleurs et des peuples.

Sarkozy cherche une fois encore à brouiller les cartes. Il y en a assez de ses boniments, il est temps de nous débarrasser de lui et de sa politique.

Yvan Lemaitre