Publié le Mercredi 7 décembre 2011 à 14h49.

Sarkozy à Toulon : bluff, mensonges et mauvais coups

Un discours de Toulon chasse l’autre. En 2011, les attaques contre les travailleurs ont remplacé la moralisation du capitalisme de 2008.Il paraît que le criminel revient toujours sur le lieu de son crime, le dicton semble valoir pour l’imposteur ! Trois ans après son discours de 2008 sur la crise, Sakozy est revenu à Toulon, cette fois pour planter le décor de sa campagne. L’imposteur a changé d’habit. Celui qui promettait alors de « réglementer les banques pour réguler le système », de « remettre à plat tout le système financier et monétaire mondial, comme on le fit à Bretton Woods », de « contrôler les agences de notation », et même de « refonder le capitalisme », a changé son baratin de bateleur. Il nous vend maintenant l’entrée dans « un nouveau cycle ». Façon de tourner la page en faisant l’impasse sur son bilan, les promesses démagogiques et la réalité d’une politique qui a fait l’inverse. Cette politique pour sauvegarder le système financier, alimenter la spéculation en laissant les mains libres aux banques comme aux agences de notation est bien la cause de l’explosion de la dette publique. Et, aujourd’hui, l’imposteur, le cœur sur la main, prétend tenir un discours de « vérité » !

Il disserte sur « un cycle de désendettement qui ramènera le balancier de l’économie vers le travail et la production ». Qu’est-ce que ce baratin peut bien vouloir dire si ce n’est une politique d’austérité pour réduire la dette en faisant payer le désendettement à la population, aux travailleurs.

« Depuis des décennies, nous dépensons trop et souvent mal. Cela ne peut plus durer. » La rengaine favorite des riches ! Le peuple dépense trop ! Tous les chiffres sont là pour souligner l’accentuation des inégalités, les milliards distribués aux plus privilégiés, la persistance du chômage de masse, la précarité... Et Sarkozy fait la leçon. Ses ennemis, « la retraite à 60 ans et les 35 heures » !

Il entend remettre en cause la protection sociale et ce qu’il appelle « le système du partage du travail ». Ce qu’il nomme ainsi, ce sont simplement les protections qu’il reste aux travailleurs contre les licenciements, aux chômeurs ou la réglementation de la durée du temps de travail. Travailler plus pour gagner moinsIl annonce la convocation d’un sommet sur l’emploi en janvier pour « lever les freins à la compétitivité française », en clair, baisser le coût du travail en intensifiant la production, produire plus avec moins de salariéEs et en gagnant moins. Avec en prime, la charge contre les fonctionnaires, « Nous devons continuer à réduire les effectifs de la fonction publique en respectant la règle du non-renouvellement d’un départ sur deux à la retraite ».

Dans le même temps, il se fait le champion de l’Europe germano-française, « l’Allemagne et la France unie, c’est l’Europe toute entière qui est unie et forte », l’Europe des puissants contre les peuples. Et ses adversaires y compris à gauche de tomber dans le piège du chauvinisme. Montebourg dénonce Merkel qui ferait la politique de Bismark, l’Huma, « la démission nationale », Hollande, les capitulations face « aux injonctions de Berlin »... À défaut de s’en prendre au fond du problème, la gauche se laisse entraîner sur le dangereux terrain du souverainisme dont Marine Le Pen veut se faire la championne.

Et c’est bien là le problème, le principal atout de l’imposteur vient de la tétanie de son principal rival incapable de l’attaquer sur le fond. Ainsi peut-il espérer à nouveau subjuguer une partie de l’opinion en flattant les inquiétudes et la peur. « Aujourd’hui la peur est revenue » dit-il pour évoquer ensuite « le chemin emprunté dans le monde dans les années 1930 ». Flatter les peurs, c’est aussi la démagogie contre les étrangers et les immigrés dont Guéant a fait son cheval de bataille en flattant les préjugés xénophobes et racistes ou le sécuritaire...

Attaques contre les salariés et la population, mensonges et démagogie, manœuvres pour diviser, Sakozy a planté le cadre de sa campagne.

Yvan Lemaitre