Le Front national devance tous les autres partis, avec un total de plus de 6 millions de voix au plan national. Tout a été dit – à juste titre – sur l’écrasante responsabilité du Parti socialiste dans cette catastrophe. Incontestablement sa politique sécuritaire et raciste, jusqu’à la reprise de la déchéance de nationalité, a banalisé et légitimé le discours de l’extrême droite, pendant que sa politique de destruction systématique des droits et protections sociales achevait de désespérer les salariéEs, les chômeurEs, les retraitéEs et les précaires, celles et ceux que l’on appelait le « peuple de gauche ».
Le PS s’effondre donc, jusqu’à l’effacement pur et simple au second tour dans plusieurs régions. On pourrait se dire qu’il l’a bien cherché et que ce n’est que justice électorale, châtiment mérité pour avoir trahi tant et tant d’espoirs, bafoué tant et tant de promesses. Le PS ne représente plus en rien les classes populaires. Soit ! Mais qui les représente désormais ? Ou plus exactement quelle(s) force(s) organisée(s), collective(s) permet(tent) tout à la fois d’exprimer la colère face aux injustices sociales, de construire la solidarité pour résister à l’exploitation et aux oppressions, de faire vivre l’espérance d’un avenir meilleur, la conscience de la puissance collective des exploitéEs et des oppriméEs et la confiance en cette puissance pour changer le monde ? La réponse est simple et dramatique : plus aucun parti digne de ce nom !
Pourtant, à la faveur d’une chemise déchirée de DRH, la colère ouvrière surgit et vient rappeler la fierté et le refus de courber la tête. Pourtant, autour d’un enfant étranger menacé d’expulsion, toute une école peut dresser le rempart de la mobilisation. Pourtant, au quotidien, des milliers de militantEs syndicaux ou associatifs font vivre la solidarité. Pourtant, les mobilisations pour le climat dessinent un autre système, désintoxiqué non seulement des énergies fossiles mais aussi de l’aliénation marchande... Pourtant... Pourtant toutes ces énergies, ces intelligences, n’ont pas de correspondant politique à leur hauteur. Le construire, construire ensemble une nouvelle représentation politique, un nouveau projet émancipateur, tels sont le défi et l’urgence.
Christine Poupin