Selon Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, Macron « n’est plus en situation aujourd’hui d’être l’arbitre des élégances » en référence à Pétrone, favori… de Néron (sic). Alors que le président a rencontré les partis le 10 décembre, sauf le RN non invité et LFI qui a refusé, les tractations se poursuivent pour former un gouvernement.
Macron a promis d’aller vite — 48 heures ! — preuve rétrospectivement de sa mauvaise volonté cet été. Michel Barnier aura donc fait long feu, et celles et ceux qui avaient parié que le Savoyard sauterait ont donc gagné ! Le Premier ministre, lui, n’y a pas cru… Jusqu’au bout, il a pensé avoir fait assez de concessions à Marine Le Pen et au RN. Fatale erreur !
Les membres du gouvernement ont bien essayé d’expliquer que le vote de la motion de censure conduirait au chaos — celui-là même que l’élection de Macron devait permettre d’éviter il y a sept ans. Ils n’ont convaincu personne.
Un système antidémocratique à bout
Touché mais pas coulé, Macron, dans son allocution du 5 décembre, a expliqué que l’extrême droite et l’extrême gauche avaient voté ensemble pour faire tomber la République ! Évidemment, personne n’y a cru ! La chute de Barnier et ses sbires n’est que le énième rebondissement d’une crise toujours plus béante depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Jupiter a ensuite stigmatisé LFI pour mieux faire surgir le fameux « arc républicain » et tenter un rapprochement avec le PS… alors que de nombreuses personnalités, comme Cécile Duflot, Olivier Faure qui a depuis reculé, s’étaient positionnées en faveur d’une grande coalition.
Alors que Macron est totalement illégitime, décrédibilisé, y compris sur la scène internationale, il tente de se maintenir au pouvoir pour faire passer ses politiques antisociales, sur laquelle la bourgeoisie elle-même se divise. Il annonce ne pas avoir recours à la dissolution de l’Assemblée nationale dans les trente mois (jusqu’à la présidentielle !) et entend s’appuyer sur son constat d’« unanimité des forces politiques pour ne plus dépendre du Rassemblement national ». Tandis qu’en échange d’un renoncement à l’usage de l’article 49.3, les députéEs s’engagent à ne pas censurer. Sauver une fois de plus les institutions ne sauvera pas le capital !
Pour les emplois, les salaires, la baisse du temps de travail
Car la crise est aussi sociale. Celles et ceux qui bataillent depuis des semaines contre les plans de licenciements dans l’automobile et le commerce la payent au prix fort !
Il y a urgence à interdire les licenciements, réduire le temps de travail pour travailler toutes et tous, augmenter les salaires de 400 euros pour financer la protection sociale, taxer les riches pour financer les services publics.
Et la crise écologique ne va pas s’arrêter : il faut stopper l’extractivisme et le productivisme et reconvertir les emplois dans des activités socialement utiles et sans conséquences néfastes pour l’environnement.
Le 12 décembre, nous serons mobiliséEs pour les emplois dans le privé et la fonction publique et contre les baisses de budget dans les services publics. Le 14 décembre, nous serons dans la rue pour défendre les droits des sans-papiers et des migrantEs, défendre l’ouverture des frontières.
Les mobilisations, tout comme la construction du Nouveau Front populaire dans nos quartiers, permettent de maintenir le rapport de forces et l’unité autour d’un programme qui a fédéré la gauche face à l’extrême droite.
Inventer une autre démocratie
Si Macron et les macronistes ne veulent rien lâcher, si les capitalistes ne veulent plus aucun compromis et veulent préserver leurs profits, il nous faudra un rapport de forces collectif plus fort encore pour dégager Macron, mais aussi interdire les licenciements, abroger la réforme des retraites et instaurer le partage du temps de travail et des richesses, combattre toutes les discriminations, le racisme et l’extrême droite.
Pour que cela change, il n’y a pas de combinaison parlementaire possible ou de solution institutionnelle ; il n’y a pas d’homme ou de femme providentielle. Seule notre mobilisation, la mobilisation des travailleurEs (actifEs ou retraitéEs) et des jeunes, sur les lieux de vie, de travail et d’études qui porte la perspective d’une nouvelle assemblée pour une nouvelle constitution permettrait de répondre aux urgences sociales et écologiques et de renverser la 5e République antidémocratique.
Fabienne Dolet