La seule bonne nouvelle dans le discours de Mme Taubira à la prison des Baumettes mardi 8 janvier, c’est l’annonce d’une petite loi permettant aux journalistes d’accompagner les parlementaires dans les prisons. Car derrière l’annonce spectaculaire de la fermeture de trois prisons vétustes se cachent mal les chantiers de paquebots pénitentiaires pour les remplacer.La Garde des sceaux a en effet plus discrètement signé en décembre, et pour des loyers faramineux, les contrats de construction, en partenariat public privé, des maisons d’arrêt de Valence : 456 places (contre 137 dans l’ancienne), de Riom : 557 places (contre 377) et de Beauvais : 594 places (contre 361).Elle a choisi de ne pas rompre frontalement avec l’inflation carcérale de l’ère Sarkozy en adoptant telle quelle la désastreuse loi pénitentiaire de 2009, et surtout en inscrivant au budget de la Justice près de 6 000 places en détention supplémentaires à l’horizon 2017. Tout cela contrairement aux avis du contrôleur général Delarue qui déplore régulièrement la construction de grandes usines pénitentiaires déshumanisées, sources de violences et de récidives.Les paroles et les actesDans ces conditions, la ministre ne peut continuer à tenir des discours sur l’aménagement des peines et les alternatives à l’incarcération, ni se satisfaire de la mise en place d’un conseil à l’exécution des peines sans passer aux actes. Cela passe par la réduction de l'échelle des peines d' emprisonnement, l’abrogation des peines planchers la réduction des détentions provisoires, la suppression des comparutions immédiates, la généralisation des libérations conditionnelles, l’annulation des lois Perben Sarkozy qui ont largement remis en cause la justice des mineurs. Et tout de suite une amnistie des courtes peines.À Marseille, c’est la mobilisation des personnes détenues soutenues par leurs avocats, l'OIP et la société civile qui a fait éclater le scandale et obligé le gouvernement à réagir. Il en va de même pour toute la politique judiciaire : pas d’avancées sans mobilisations.André Choagaz
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