L’élection législative partielle dans la 4e circonscription du Doubs, dans laquelle son candidat a été éliminé dès le 1er tour, aura contribué à accentuer la crise que traverse aujourd’hui l’UMP...
C’est un parti miné par les affaires : élection à la présidence de l’UMP truquée, querelles d’egos incessantes et médiatisées, affaires financières et morales douteuses... Et le retour de Sarkozy à la tête du parti est également problématique. Plus préoccupé par ses prestations extrêmement bien rémunérées aux quatre coins du monde et par la présidentielle de 2017 que par la vie et l’unité de l’UMP, il ne parvient pas à rassembler. Sa proposition de consigne de vote pour le second tour de l’élection, battue lors du conseil politique, en dit long sur le peu de confiance dont il jouit au sein de son propre parti, et sur les divisions entre ténors de l’UMP. Tout cela se traduit dans les choix électoraux des uns et des autres, oscillant entre le centre et l’extrême droite, ce qui renforce le caractère inaudible de ce parti.
L’impossible consigne de vote
La consigne de vote majoritaire au bureau national du parti – « ni/ni » – est une position non politique qui tire un trait d’égalité entre le PS et le FN, mais qui exprime cependant bien les dilemmes de cette droite en manque d’idées et d’unité organisationnelle. D’un côté, ne pas choisir le FN est pour eux tout à fait logique. En effet, quand ils sont au gouvernement, PS ou UMP conduisent les mêmes politiques de soutien au patronat contre les droits des salariéEs et des chômeurs et un interventionnisme impérialiste quasi semblable. Mais surtout, l’UMP peut espérer que, dans une situation identique, le PS appellera, comme il l’a déjà fait, à voter pour sa formation face au FN. Enfin, c’est aussi envoyer un signal aux formations politiques du centre (Modem, UDI) appelées à jouer leur rôle dans la vie politique actuelle... et aussi très convoitées par le PS. C’est cela qu’exprime parfaitement une partie des cadres de tradition gaulliste autour de Juppé.
D’un autre côté, ne pas appeler à voter PS s’explique pour l’UMP par la radicalité sécuritaire, la création du bouc émissaire, « musulman » de préférence, les politiques drastiques contre l’immigration, la défense d’une identité française fantasmée... Des idées portées par le FN qui tentent aujourd’hui une partie importante de l’électorat en mal de vivre. Un électorat qu’il ne faut pas non plus mécontenter, car c’est une partie non négligeable de l’électorat de droite.
À qui profite le « ni/ni » ?
Et, pourtant ce sont ces électeurs, divisés et déboussolés, ceux dont le candidat a été battu au premier tour, qui ont pour consigne « ni/ni », qui, par le scandale du scrutin majoritaire à deux tours, véritable déni de démocratie, pèsent dans la victoire de l’un ou l’autre des deux candidats du second tour !
Et les résultats sont là : le candidat socialiste est élu de justesse. 860 voix seulement le séparent de la candidate frontiste. Une toute petite victoire pour le parti au gouvernement qui a pourtant usé et abusé durant toute la campagne de « l’esprit du 11 janvier » porté par les ténors du gouvernement qui avaient fait le déplacement dans le Doubs. Le Front national est le gagnant de ce scrutin, augmentant de 16 points son score entre les deux tours, alors que sa campagne, a minima, a tourné uniquement à la lutte contre « le péril de l’islam ». Le « ni/ni » de l’UMP a donc d’abord servi la candidate FN.
Ce résultat confirme, encore une fois, l’offensive réussie du parti de Marine Le Pen dans toutes les échéances électorales, cassant le système de l’alternance gauche-droite jusqu’alors bien rôdé de la 5e République. Tout cela rend d’autant plus « floue » l’ UMP, son programme... et son devenir.
Roseline Vachetta