Tel l’apprenti sorcier, l’UMP se voit confrontée aux fruits de sa politique. Ayant radicalisé son discours, en particulier depuis 2007 (création d’un « ministère de l’Immigration et de l’identité nationale », débat sur « l’identité nationale », « discours de Grenoble » de Sarkozy…), l’UMP a rendu poreuses les frontières entre elle et le FN.Aujourd’hui, un nombre croissant de militantEs et d’éluEs locaux UMP sont tentés de s’allier avec le FN. Au fur et à mesure que les élections municipales de mars 2014 approchent, le nombre de clins d’œil échangés avec l’extrême droite croît.La direction de l’UMP a choisi de sanctionner quelques-uns de ces éluEs qui vont trop loin à ses yeux, au risque de légitimer un concurrent politique qui pèse lourdement sur le parti, sa stabilité et sa cohérence.
Concurrence réactionnaireLe 19 juin dernier, le Figaro avait titré un article : « La contagion des accords avec le FN inquiète à l’UMP ». Le même jour, le parti présidé par Jean-François Copé avait exclu le conseiller général et ancien maire de Saint-Gilles (Gard), Olivier Lapierre. Celui-ci avait explicitement annoncé qu’il souhaitait et soutenait une candidature de Gilbert Collard aux prochaines élections municipales, élu député de la circonscription en juin 2012 (sans étiquette mais présenté par le FN).Le 3 juillet, une nouvelle procédure d’exclusion a été ouverte contre Denis Vigouroux, conseiller municipal UMP à Gonesse (95) et chef de file local du parti. Celui-ci avait annoncé sa candidature en troisième position sur une liste FN (ou « Rassemblement bleu Marine », RBM) conduite par Karim Ouchikh... qui est lui un ex-adhérent du PS, maire-adjoint de la ville pendant treize ans !D’autres membres ou anciens membres de l’UMP se trouvent sur des listes « Rassemblement bleu Marine » qui sont en train d’être constituées. À Carry-le-Rouet (13), la liste « RBM » sera conduite par un patron âgé de 61 ans, Patrick Amate, conseiller général des Bouches-du-Rhône. À partir de 2006, Amate a été membre du comité de circonscription de l’UMP. À Aix-en-Provence, dans le même département, la liste « RBM » sera conduite par Catherine Rouvier, qui vient également de l’UMP, ralliée plus récemment au mini-parti SIEL (« Souveraineté, indépendance et libertés ») de Paul-Marie Coûteaux, une petite formation nationaliste-« souverainiste » associée au FN depuis 2012.La direction de l’UMP considère pour le moment que ces rapprochements font une part trop belle à un concurrent politique. Cela n’exclut pas des convergences au niveau du contenu et du discours. Après celles de Le Pen père, les récentes sorties d'Estrosi sur les Roms en sont une nouvelle et bien triste illustration.
Bertold du Ryon