« Aucun accord d’aucune sorte ne sera accepté avec le Front national. Tout élu UMP qui viendrait à passer un accord avec le FN se placerait immédiatement en situation d’être exclu de l’UMP » a affirmé François Copé après avoir suspendu Arnaud Cléré qui a mis en place une liste pour les municipales avec le FN dans une petite ville de la Somme. Un geste et une déclaration qui est loin de mettre un terme aux connivences entre droite extrême et extrême droite.Arnaud Cléré a fait le choix de s'allier avec le FN avec l'assentiment des militants et proches de l'UMP « car cela fait trente ans que Gamaches est géré par une municipalité socialo-communiste ». Et il n'est pas le seul à penser que le discrédit du gouvernement PS-EÉLV devrait permettre à la droite de gagner bien des municipalités. Les ambitions se bousculent, mais tout ce petit monde comprend vite que, seule, l'UMP ne sera pas en mesure de ramasser la mise.Roland Chassain, le maire de Saintes-Maries-de-la-Mer, exprimait les choix de bien des UMP du Sud-Est en déclarant au Figaro : « Si on ne fait pas de listes d'union avec des sympathisants du FN, on ne gagnera pas certaines villes dont Arles, Tarascon, Saint-Martin-de-Crau ou Miramas. » On pourrait en ajouter bien d'autres…
Le baiser de la mortL’occasion aussi pour le FN de prendre pied dans les institutions municipales. « On pourrait assister de-ci, de-là à un certain nombre d'accords locaux avec des candidats de l'UMP mais aussi avec des candidats divers droite mais aussi, pourquoi pas, avec des candidats divers gauche », Marine Le Pen est prête à saisir toutes les opportunités. Ce qui ne l'empêche pas d'affirmer haut et fort que son parti était « opposant à l'UMP (…) coresponsable de la situation de notre pays » tout en partageant l'attitude de Brice Hortefeux : « Il n'en demeure pas moins qu'en démocratie, il peut vous arriver de vous retrouver sur une même opinion avec des partis politiques que par ailleurs vous contestez. »Face à cette offensive du FN, l'UMP se défend comme elle peut, Copé, son président, posant à l'intransigeance. Fillon, lui, s'indigne et en profite pour se distinguer, un peu tard, de Sarkozy : « Nicolas Sarkozy pense que le Front national est à combattre parce qu’il affaiblit la droite. Moi, je pense que le Front national est à combattre parce qu’il est hors des limites du pacte républicain ».L'essentiel n'est pas dans ce jeu d'ambitions rivales. À travers leur mobilisation contre le mariage pour tous, les réacs ont fait tomber les barrières. Frigide Barjot a permis aux députés UMP de défiler coude à coude avec Collard, elle est loin cependant de les avoir mariés. Plutôt le baiser de la mort que la bague au doigt.Les combats de chefs et les rivalités d'appareil rendent impossible tout accord entre l'UMP et le FN. Cette bataille est attisée par les convergences qui travaillent l'électorat de droite que les uns et les autres ambitionnent de conquérir, en s'imposant comme le chef d'un potentiel grand parti de la droite extrême. Dans cette lutte de pouvoir, les municipales sont un rendez-vous important qui dessinera les nouveaux rapports de forces.La menace est bien réelle pour les travailleurs et la population. La réponse ne pourra venir que de ces derniers, de leur intervention pour défendre leurs propres intérêts, les droits sociaux et démocratiques.
Yvan Lemaitre