Publié le Jeudi 28 mai 2015 à 08h51.

UMP - « Républicains » : petit Bonaparte et surenchères

À un an et demi de la primaire de la droite et du centre, les 20 et 27 novembre 2016, un sondage est tombé la semaine dernière donnant pour la première fois l’avantage à Juppé face à Sarkozy...

Cela n’arrange pas les affaires de ce dernier qui a bien du mal à se tailler un nouveau costume pour affronter la présidentielle et d’abord les primaires qu’il a été contraint d’accepter. Sans trop de surprise, le sondage indique que, quel que soit le cas de figure, une candidature Juppé ou Sarkozy, Hollande ne passerait pas le 1er tour, Marine Le Pen serait nettement en tête face à Sarkozy (30 % contre 25 %), mais serait devancée de trois points par Juppé. Au second tour, Juppé serait le mieux placé face au FN (67 % contre 33 %), là où son rival obtiendrait 59 % contre 41 %.Est-ce que le piège est en train de se refermer sur Sarkozy ?Il cherche à y échapper en essayant de se donner une dimension bonapartiste, au-dessus des partis, en liquidant l’UMP et en tenant un langage auquel Marine Le Pen n’a pas grand chose à envier.Le changement de nom, Les Républicains, répond au premier objectif. Cela lui vaut un procès largement médiatisé, une bonne publicité qui lui garantit le vote des membres de l’UMP jeudi et vendredi.

La République des riches et des réacsSarkozy doit surtout trouver un discours politique qui lui donne une place entre Juppé, le centre auquel Hollande cède le terrain après le lui avoir préparé, et Marine Le Pen. La « droite décomplexée » jouant la « rupture » et l’« ouverture » a fait son temps, l’aventurier a besoin de se construire un nouveau personnage, seul rempart contre l’extrême droite... reprenant dans le même temps l’essentiel du fonds de commerce de cette dernière : xénophobie, racisme, nationalisme.La « réforme du collège » est l’occasion de roder son discours, flattant à la fois les préjugés élitistes, le « mérite » contre l’« égalitarisme », prétendant s’attaquer à la « médiocrité », tout en reprenant à son compte l’inquiétude des classes populaires devant l’avenir, pour accuser l’éducation nationale d’être responsable des inégalités et du chômage ! Hollande et Valls ont « fait le choix du mépris » et sont responsables du « cauchemar français ». « L’autorité, c’est celle du maître sur ses élèves, du directeur sur son école, celle qui interdit les communautarismes, qui refuse, au nom de la laïcité, le prosélytisme. » C’est ça la République de Sarkozy : pas la démocratie mais l’autorité !

La copie et l’original...Ces surenchères sur le terrain de l’extrême droite entraînent toutes sortes de dérives dont Estrosi s’est fait le champion. Ainsi après la relaxe des deux policiers jugés pour « non-assistance à personnes en danger » après la mort de Zyed et Bouna en 2005 à Clichy-sous-Bois, il a, toute honte bue, traité les victimes de « délinquants ». Ou encore, quelques jours plus tôt, il y a en France des « cinquièmes colonnes » de « l’islamo-fascisme ». « Les chrétiens ne posent pas de problème, la religion juive ne pose pas de problème. Il y a un vrai problème posé par l’islam. » « On se demande si le gouvernement ne va pas demander aux Français de s’intégrer. D’apprendre à parler les langues africaines, le mandarin, les langues arabes. Est-ce que c’est à nous de nous adapter ? »Des propos que Sarkozy ne dément pas : sa République est celle des démagogues et des aventuriers prêts à tout pour le pouvoir. Une copie qui ne fait que renforcer l’original, le FN...

Yvan Lemaitre