L'intellectuel et militant marxiste palestinien-syrien Salameh Kaileh nous a quittés le 2 octobre. Il est décédé à Amman, en Jordanie, à 63 ans, après avoir longtemps lutté contre le cancer. Il a été enterré à Amman après le refus des forces d’occupation israéliennes qu’il soit inhumé dans sa ville natale à Bir Zeit en Cisjordanie (Palestine).
Né en 1955 à Bir Zeit, Salameh a étudié à Bagdad (en Irak) et à Damas (Syrie). Salameh était diplômé de l’université de Bagdad en 1979 avec une licence en sciences politiques. En 1981, il s’est installé à Damas, en Syrie. Il était déjà considéré comme un penseur et militant marxiste important. Il est l’auteur de plus de 30 livres sur divers thèmes, tels que l’impérialisme, le marxisme, les limites du mouvement nationaliste arabe, la mondialisation, le sionisme, etc.
Salameh Kaileh a particulièrement critiqué les sections des gauches arabes qui ne s’opposaient pas aux régimes tyranniques de la région, et dès lors portaient atteinte à l’héritage socialiste et marxiste. Ses critiques sur ces sections de la gauche arabe visaient à créer et à cristalliser une nouvelle gauche arabe révolutionnaire au sein de la jeunesse de la région.
Sa lutte contre l’état d’Israël, les régimes autoritaires de la région, les forces fondamentalistes religieuses et les différents impérialistes ont marqué son militantisme politique depuis des décennies. Il avait d’ailleurs compris depuis longtemps le lien entre la libération du peuple palestinien et celle des peuples de la région, en appelant à la chute des régimes autoritaires pour permettre la libération de la Palestine.
Il a souffert de la répression du régime syrien à plusieurs reprises. Il a été emprisonné une première fois en 1992 pour une durée de huit ans, souffrant également des tortures de ses geôliers, pour s’être opposé à la collaboration et participation de Damas à l’intervention des États-Unis contre l’Irak en 1991 et contre le despotisme du régime d’Assad. En 2012, il fut à nouveau emprisonné par les services de sécurité du régime Assad pour son soutien au soulèvement populaire syrien. Après plus de 3 semaines d’emprisonnement et de torture il fut déporté vers la Jordanie.
Malgré l’exil et la maladie, Salameh Kaileh n’a jamais cessé de militer pour la révolution syrienne et les autres soulèvements populaires de la région, tout en maintenant ses principes progressistes contre toutes les formes d’oppression et d’impérialisme.
Le décès de Salameh Kaileh est une perte pour les progressistes du monde entier.
Au revoir camarade…
Joseph Daher