Heureusement que Macron a pris soin, en début de mandat, de déclarer l’égalité femmes-hommes comme « grande cause du quinquennat »… Cette blague amère avait déjà fait long feu, notamment autour de la promesse à nouveau piétinée d’un ministère dédié aux questions des droits des femmes. Même Marlène Schiappa, l’inexistante secrétaire déléguée à ces questions, voit son champ encore réduit à la simple « citoyenneté » et se retrouve… sous l’autorité de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur, agresseur réputé et homophobe notoire, grand défenseur de « la Manif pour tous » opposé au mariage et à la PMA pour toutes les femmes (encore une fois repoussée).
À la place du secrétariat amputé de Schiappa, Macron à nommé Elisabeth Moreno. Une patronne de la « tech », digne représentante de la start-up nation aux idées plus que « modérées » sur les questions d’égalité et de sexisme. Ses conseils pour lutter contre le sexisme en entreprise ? Monter dans la hiérarchie… Malin, non ? Une réponse symptomatique de sa conception libérale de la lutte contre les oppressions, oscillant entre un individualisme crasse et un sexisme très fortement intériorisé.
Mais ce sont deux hommes qui ont fait exploser notre colère et celle de toutes les féministes et les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. L’Élysée, interrogé sur son choix de nommer un ministre toujours visé dans une enquête pour viol, a déclaré que cela n’était « pas un obstacle ». Deux hypothèses donc : le gouvernement considère qu’avoir violé une femme (en utilisant son statut de maire de Tourcoing) n’est pas un critère discriminant pour un ministre (ne faut-il pas séparer l’homme du ministère après tout ?) ; ils ne s’inquiètent pas de l’issue de la procédure judiciaire. Les faibles statistiques concernant les condamnations dans ce genre de procès leurs donnent raison.
Mais Macron aura malgré tout pris soin d’assurer ses arrières : en nommant Dupond-Moretti à la justice, il finit de boucler cette ignoble boucle, en choisissant celui qui n’a eu de cesse, dans ses procès, d’agresser et accuser les femmes victimes, les associations féministes... Ils ont choisi le défenseur du droit à draguer, importuner, toucher, un des pourfendeurs de #metoo. Ce gouvernement envoie un message clair aux femmes et aux militantes en se plaçant du côté des agresseurs, en crachant à la face de toutes les victimes… Une fois de plus. Le mépris et la violence de ces annonces n’appellent qu’un seul type de réponse : notre rage, notre détermination et notre mobilisation la plus totale à faire dégager ce gouvernement et tous les porcs qu’il protège.