Publié le Mardi 7 septembre 2021 à 11h43.

Une rentrée sociale sous haute tension !

L’été aura été marqué par le discours d’Emmanuel Macron du 12 juillet dernier. Discours renforçant la gestion autoritaire de la pandémie avec la mise en place du pass sanitaire mais aussi un discours annonçant sans détours la continuité de son offensive contre le monde du travail.

Cette dernière s’engage avec en particulier la décision de la mise en place dès le 1er octobre de la « réforme » de l’assurance chômage et l’annonce du recul de l’âge de départ à la retraite. Plus que jamais cette rentrée est sous tension… à nous de faire en sorte qu’elle soit explosive, combative pour et avec notre camp social !

Contre le pass sanitaire, pour la vaccination

Depuis le discours du 12 juillet et l’instauration du pass sanitaire, pas une semaine ne s’est écoulée sans que, chaque samedi, des dizaines de milliers de manifestantEs fassent entendre leur mécontentement. Avant de revenir sur cette mobilisation, nous devons rappeler la gestion catastrophique de la pandémie par ce gouvernement. Ce dernier, depuis février 2020 n’a eu de cesse de mentir à la fois sur la dangerosité de ce virus, en le faisant passer pour une grippette, et sur l’utilité des masques, sans oublier la gestion catastrophique des tests et de la vaccination. Ne parlons pas des conditions désastreuses dans lesquelles a travaillé et continue de travailler le personnel hospitalier et l’absence de moyens pour soigner les malades, tous les malades. La situation actuelle de la Martinique et de la Guadeloupe en est un triste exemple.

Comment aurait-il pu en être autrement quand, entre 1998 et 2018, les gouvernements successifs de droite comme de gauche ont en moyenne fermé 5 000 lits par an et que ce gouvernement en 2018 et 2019 en a fermé 7 500 chaque année. Mais sur ce point aussi, la pandémie que nous vivons ne leur aura pas servi de leçon puisque les fermetures de lits, les déserts médicaux, la casse du service public de santé restent malheureusement d’actualité.

Depuis le début de cette crise sanitaire, Macron a refusé toute politique sanitaire démocratique, pédagogique, transparente et égalitaire. Au contraire, il a opté pour une politique répressive, opaque, inconstante, brutale, culpabilisante et discriminante, au service de la production capitaliste. Le pass sanitaire marque un cran supplémentaire dans cette mécanique en faisant porter sur les soignantEs et sur la population tout entière la responsabilité de la politique destructrice de ce gouvernement. Il porte atteinte aux libertés de déplacement et d’accès à certains services et soumet des centaines de milliers de salariéEs à la menace de licenciement de facto, de mise à pied ou d’interdictions d’embauches. C’est un nouvel outil de recul social et de surveillance généralisée. C’est dans ce sens que nous refusons et que nous devons combattre le pass sanitaire mais aussi parce que le pass sanitaire est incapable de construire l’adhésion à la vaccination, seul moyen de se protéger et de protéger les autres. Pour le NPA, il faut dans cette période défendre, partout, la vaccination tout en luttant contre le pass, faire cela c’est défendre la protection des plus fragiles, c’est défendre notre camp social. Et aucune pression ne doit nous faire mettre sous le tapis nos mots d’ordre favorables à la vaccination. Au contraire, il y a urgence à prendre nos responsabilités pour lutter contre la logique anti-vaccinale et convaincre celles et ceux qui doutent ou ont des interrogations.

Face à la droite extrême, l’extrême droite et les complotistes, le mouvement social doit reprendre la rue !

Le mouvement actuel contre le pass sanitaire est pour le moins très hétérogène. Selon l’IFOP, il regroupe à la fois des « anti-élites », des « antisystème », des « anti-pass » et des « anti-vax », des adeptes des médecines alternatives et des décroissants, des petits patrons et des soignants du bas de l’échelle, de la droite et de la gauche. Il est donc difficile et sans doute trop tôt pour en faire une analyse précise. Force est de constater cependant que depuis le 17 juillet, les revendications sociales sont totalement absentes de ces manifestations et que ce qui prédomine est la fameuse lutte pour la « liberté individuelle », pour le refus de se voir imposer quoi que ce soit par l’État et pas seulement le pass sanitaire. Force est de constater également que, depuis le 17 juillet, c’est la droite extrême qui mène le bal en surfant sur la colère légitime contre Macron et l’individualisme, en y affichant clairement des mots d’ordre antisémites, certes condamnés mais aussi excusés par une majorité de manifestantEs. Et on voit aussi germer ces derniers temps beaucoup de confusion, de glissements voire de renoncements de la part de certains acteurs du mouvement ouvrier quand des pompiers syndicalistes chez Sud défilent aux côtés de Civitas ou quand un responsable CGT d’une union locale tient le parapluie d’un responsable du Rassemblement national.

Alors oui, se mobiliser contre le pass sanitaire et pour la vaccination est nécessaire et urgent. Mais une telle mobilisation ne peut pas se faire à tout prix, y compris celui d’accepter d’être associé à l’extrême droite la plus rance et à des mots d’ordre confusionnistes, conspirationnistes, voire pire. Et l’urgence du moment est bel et bien que le mouvement ouvrier dans son ensemble reprenne la rue de façon offensive contre la politique autoritaire, liberticide du gouvernement, mais aussi en y défendant une vraie stratégie sanitaire pour le plus grand nombre. Ces prochaines semaines, sauf à laisser le terrain à des politiques confuses, voire à nos ennemis, syndicats, associations et forces politiques doivent construire une mobilisation de rue articulant une véritable politique de santé publique, ce qui passe par donner tous les moyens possibles à la vaccination, avec le refus de toutes les mesures liberticides dont fait partie le pass sanitaire.

Macron et le Medef toujours à l’offensive contre nos acquis sociaux

Le 12 juillet dernier, outre le pass sanitaire, le PDG de la République française a affirmé que la réforme de l’assurance chômage sera pleinement mise en œuvre dès le 1er octobre. Cette réforme va aggraver la situation des travailleurs/ses privéEs d’emploi en baissant drastiquement leur indemnité. Rappelons que le chômage frappe toujours pratiquement 6 millions de personnes. 800 000 chômeurs pointent à Pôle emploi depuis plus d’un an. Le taux de chômage des plus de 50 ans augmente et un jeune actif sur cinq est toujours sans emploi. Les licenciements sont toujours d’actualité. Face à cette crise sociale, Macron n’a qu’une seule proposition : nous faire travailler plus longtemps.

Alors que la réforme des retraites était sortie par la porte grâce à une large mobilisation, Macron en a également profité pour annoncer qu’il y aura bien une réforme des retraites mais sans s’engager sur un calendrier quelconque. En revanche, l’un de ses objectifs est de faire reculer l’âge de départ à la retraite pour prétendument permettre à toutes et tous de toucher des « pensions dignes », gardant ainsi le cap de sa politique et préparant aussi certainement sa campagne électorale. L’objectif est toujours le même : réduire la dépense des retraites en faisant cotiser et donc travailler plus longtemps pour disposer d’une pension de retraite complète à taux plein. Tout en reculant l’âge légal d’ouverture des droits, on recule ainsi l’âge moyen de départ, ce qui a pour effet de verser une retraite moins longtemps et de baisser la pension de tout le monde puisque la durée moyenne de cotisation validée reste à 37 ans… Dans un contexte de chômage de masse, reculer l’âge de la retraite ne fait que déplacer le problème des caisses de retraite vers les caisses du chômage ou les minimas sociaux. Macron lui-même déclarait avec véhémence, le 25 avril 2019 : « Tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal ». C’était d’ailleurs une promesse de campagne de ne pas y toucher.

Alors que la crise sanitaire a fait exploser les inégalités et la pauvreté avec des centaines de milliers de salariéEs qui se sont retrouvéEs du jour au lendemain sans emploi, dans le même temps les bénéfices et les profits de certaines entreprises ont explosé. Ne pas oublier non plus que les patrons des entreprises du CAC 40 ont également profité grassement de la crise puisqu’ils ont vu leur salaire moyen annuel augmenter de 1,5 million d’euros soit 284 fois le SMIC annuel brut. Et pour les salariéEs de ces entreprises ? Ce ne sera que des miettes… s’ils ou elles ne sont pas licenciéEs !

Une rentrée de luttes ?

En cette rentrée, des dates de grèves et de manifestations sont annoncées et c’est tant mieux. La première est le 23 septembre, dans l’Éducation nationale. Sur fond de suppression de classes dans les écoles et de suppressions de près de 2 000 postes dans le second degré, le désastreux ministre de l’Éducation ne fait aucun effort financier pour équiper les salles de classes en capteurs de CO2 ou purificateurs d’air, ni bien entendu pour développer les moyens humains nécessaires à la mise en œuvre des principales mesures contre le Covid-19. En revanche, un énième protocole est mis en place qui aura de lourdes conséquences sur la scolarisation des collégienNEs et lycéenNEs pas encore vaccinéEs… La deuxième date dans le paysage est l’appel d’une large intersyndicale à une journée de grève interprofessionnelle le mardi 5 octobre « pour nos salaires, nos emplois et nos conditions de travail et d’études ». Après des mois sans initiative de la part des directions syndicales, cet appel à la grève interprofessionnelle est une bonne nouvelle et une première étape pour permettre à la jeunesse et au monde du travail d’affirmer leurs revendications et de reprendre la rue. Cette journée doit donc être réussie pour pouvoir redonner confiance à une majorité de travailleurs et travailleuses. Mais la situation n’est pas simple, il ne faut pas se le cacher. Nous ne parvenons pas, malgré les coups portés et les colères qui s’expriment face aux politiques de ce gouvernement, à mobiliser en masse et à faire converger les résistances et les luttes même si des tentatives existent comme ce fut le cas par exemple de l’appel de la CGT TUI sur les suppressions d’emplois.

La principale raison est évidemment la situation sanitaire, la peur qu’elle entraîne mais aussi le contexte sécuritaire, et sans doute aussi une crise des « possibles ». En effet, beaucoup de salariéEs, quand ils ne craignent pas de perdre leur boulot, se questionnent sur la possibilité de les faire reculer, beaucoup n’ont plus confiance en la force de la lutte collective. Cela est évidemment dû aux défaites accumulées depuis plus d’une décennie mais aussi sans doute au manque de perspective, d’alternative.

Pour répondre à cette crise inédite et globale du capitalisme, il y a urgence à construire une alternative. D’autant qu’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite reste probable même si les élections régionales ont été une défaite pour le RN. L’heure est au regroupement, entre toutes les organisations, les collectifs interprofessionnels (en particulier ceux construits contre la réforme des retraites ou les lois liberticides), pour discuter de comment stopper cette crise et unifier notre camp social contre le pass sanitaire et pour la vaccination, pour reconstruire un rapport de forces favorable au monde du travail… Il n’y a pas de solution simple, il ne suffit pas de proclamer qu’on aurait le meilleur programme ou qu’on serait la meilleure organisation pour qu’une route s’ouvre pour le mouvement ouvrier et le mouvement social. Ce qui est certain, c’est que nos luttes d’aujourd’hui pèseront largement sur le contexte dans lequel l’élection présidentielle se tiendra, sur la possibilité d’une alternative anticapitaliste et révolutionnaire face à la crise globale du système et à la menace grandissante de l’extrême droite et de la barbarie.