Il ne reste que quelques jours avant le premier tour de la présidentielle pour exprimer, le plus fortement possible, grâce à la candidature de Philippe Poutou, la nécessité d’un combat unitaire et d’une rupture avec le capitalisme.
Cette élection s’annonce désastreuse. Alors qu’en janvier, on pouvait espérer que la campagne allait être bousculée par les manifestations dans l’éducation nationale ou contre la privatisation des transports, ces mobilisations ont été effacées par la poursuite de la pandémie puis par le bruit des bombes en Ukraine.
Macron et Le Pen font la course en tête, et le danger d’une possible victoire de l’extrême droite est là. Cette élection marque une nouvelle étape dans la construction d’une issue autoritaire et réactionnaire, avec la possibilité de recomposition autour de Zemmour et de son projet fasciste.
Macron prétend être un rempart à l’extrême droite, alors qu’après son quinquennat elle n’a jamais été aussi forte. Ce n’est pas dans l’élection que se joue le rapport de forces, car le mal sera fait : l’extrême droite a un socle de 30 % et, si on échappe au pire, c’est la droite macroniste qui va très certainement gagner cette élection.
Face à l’élection la plus antidémocratique
Les institutions de la 5e République veulent nous faire croire que l’enjeu essentiel est de savoir quelles personnalités arriveront en tête du premier tour, escamotant les enjeux de moyen terme et les projets politiques. Alors que l’avenir de l’humanité est en jeu avec la crise climatique et les guerres, que les institutions montrent leur caractère particulièrement antidémocratique, le fétichisme de l’élection conduit à se focaliser sur la question de comment modifier à la marge ce qu’il faudrait bouleverser.
Des mobilisations de ces dernières années, notamment celles des Gilets jaunes et contre la réforme des retraites, il reste heureusement une grande défiance envers le personnel politique, et la légitimité du président élu sera encore plus faible qu’après le scrutin de 2017.
Les solutions à la crise globale du système ne peuvent être que radicales. La crise climatique nécessite de réquisitionner les grandes entreprises de l’énergie, des transports, de planifier l’économie pour atteindre une sobriété énergétique et stopper les productions inutiles. Le chômage nécessite de partager le temps de travail, drastiquement, à 32 heures par semaine immédiatement. La pauvreté montante impose d’augmenter les revenus de 400 euros, avec un revenu minimum de 1 800 euros net. Pour accueillir les migrantEs quelle que soit leur origine, il faut ouvrir les frontières et défendre la liberté de circulation et d’installation.
Des mobilisations de masse sont nécessaires
Construire des mobilisations de masse contre la classe dominante est un point déterminant : on ne reconstruira pas une représentation des exploitéEs sans en passer par des luttes entre les classes, des luttes qui produisent une élévation de la conscience.
Dans cette élection, les candidatEs ont peu attaqué Macron car ils ont concentré leurs attaques contre leurs concurrents pour l’accès au deuxième tour. Et à gauche, on préfère taper sur les autres candidats plutôt que de focaliser sur le combat contre la politique des classes dirigeantes, contre Macron, la droite extrême et l’extrême droite...
La candidature de Philippe Poutou ne s’oppose pas aux autres candidatures de gauche, elle souhaite, pour reprendre la formule du Manifeste du Parti communiste, être la plus déterminée, celle qui stimule toutes les autres, avec un programme de rupture réelle avec le capitalisme, et avec des propositions de front unique contre la bourgeoisie.
Des points d’appui existent pour tracer le chemin d’un affrontement politique avec le système. Avec cette non-campagne, nous pouvons dénoncer l’illégitimité d’un scrutin particulièrement antidémocratique, la nécessité d’une rupture avec la 5e République et la fonction présidentielle, et pour des changements radicaux permettant la participation populaire à la vie politique (assemblées décisionnelles sur les lieux de vies et de travail, révocabilité des éluEs et limitation de leur rémunération, etc.).
Les annonces de Macron sur les retraites provoquent une colère saine sur laquelle il faut s’appuyer pour construire rapidement une mobilisation de masse.
Face à la droite et l’extrême droite, les manifestations et autres rencontres antifascistes montrent la possibilité de construire un mouvement nationale antifasciste unitaire pour faire face à la montée de ce danger mortel.
La mobilisation en Corse contre le colonialisme français, contre la répression policière, est un exemple à populariser pour lutter contre notre propre impérialisme et défendre les droits démocratiques, dont le droit à l’autodétermination...
« Voter utile », voter Poutou !
Il y a bien d’autres points à avancer, pour interpeller les autres courants et pour reconstruire les luttes du mouvement ouvrier. Faire croire, comme le disent Mélenchon et La France insoumise, que la clé de la situation serait son accession au second tour, c’est participer à la mystification que constitue la présidentielle. Par ailleurs, il n’y a pas de « sauveur suprême » et, quelle que soit l’issue annoncée, nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes, les mobilisations et l’organisation de notre camp social.
Mélenchon n’est pas notre adversaire, mais le vote Poutou est le meilleur moyen pour faire entendre la colère contre le système et défendre des solutions radicales, anticapitalistes, pour regrouper et donner confiance à celles et ceux qui veulent construire une perspective unitaire, internationaliste, s’appuyant sur les luttes et l’auto-organisation.
Le vote Poutou permettra à toutes celles et tous ceux qui, en particulier chez les jeunes et les salariéEs, partagent ces idées et ces perspectives, de le faire savoir. Plus le nombre de voix qui se porteront sur la candidature de Philippe Poutou sera important, plus le sentiment d’isolement qui peut exister, chez celles et ceux qui tentent de résister, se réduira, et plus notre camp pourra reprendre confiance en lui, en sa force et en ses capacités d’agir collectivement pour transformer les choses. Et plus nous aurons de force pour poser la perspective de la nécessaire construction d’un outil, un parti pour les exploitéEs, une gauche de combat, unitaire, anticapitaliste et révolutionnaire.
Il nous reste quelques jours pour convaincre et gagner des voix : diffusions de tracts, collages d’affiches, discussions, porte-à-porte. On y va, toutes et tous ensemble !